Des pro-Israël font polémique
Silent walk à Zurich: «Puisse le palestinisme appartenir bientôt au passé»

L'association Suisse-Israël suscite la polémique après avoir publié une vidéo sur Instagram appelant à la fin du «palestinisme». La phrase controversée a été rapidement retirée suite aux critiques, mais le débat entre pro-Israël et pro-Palestine reste vif en Suisse.
Publié: 18:28 heures
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Capture d'écran / Instagram
Photo: La marche «pour Israël et contre l'antisémitisme» de mercredi fait polémique... pour une phrase dans une publication sur Instagram.
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Léo MichoudJournaliste Blick

Quelques mots publiés, et vite retirés. L'association Suisse-Israël (ASI) fait polémique après la publication sur Instagram d'une vidéo de leur manifestation de ce mercredi 19 novembre à Zurich, en soutien à l'Etat hébreu. La première légende des images s'impatientait que «le palestinisme appartienne bientôt au passé!»

Cette phrase publiée en allemand – dans le texte d'origine: «Möge das Palästinensertum bald der Vergangenheit angehoren!» – a rapidement fait réagir des militants pro-Palestine… et au-delà. Beaucoup de critiques y voient des «propos génocidaires» appelant à la fin du peuple palestinien et de son identité.

«En gros, un appel au génocide du peuple palestinien», interprète en story la politicienne Mathilde Mottet, ex-présidente des femmes socialistes suisses. L'activiste valaisanne accuse également des élus comme le conseiller aux Etats Daniel Jositsch (PS/ZH) et le maire socialiste de Zurich Mario Fehr de soutenir l'association.

L'association revient sur ses mots

L'ASI organise des Silent walk (marches silencieuses) «pour Israël et contre l'antisémitisme», parfois encadrées par des vigiles privés masqués. Par exemple en septembre dernier à Lausanne (une «contremanif antisioniste» s'était organisée le même jour) ; en octobre à Genève (finalement annulée pour raisons de sécurité) ; puis récemment à Zurich. Dans le texte initial de la description de sa vidéo, qui valorise le sionisme, l'ASI remerciait aussi la police zurichoise et le département de Mario Fehr de leur avoir permis de manifester.

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Depuis la salve de critiques, la légende a disparu, remplacée par un drapeau israélien. Contactée, l'Association Suisse-Israël est rapidement revenue sur ces propos controversés, par la voix de son secrétaire général Walter L. Blum: «Dès que les responsables de l'ASI ont vu ce message, ils ont exigé des auteurs qu'ils suppriment immédiatement le texte. Ce qui a été fait immédiatement après. Son contenu ne correspondait et ne correspond en aucune manière aux positions de l'ASI.»

Un «racisme sous-jacent»

Cette rétractation ne suffit pas à calmer la colère d'organes opposés à la colonisation d'Israël comme le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions). «Heureusement qu'ils (ndlr: l'ASI) reviennent en arrière. Je suis soulagée qu'ils l'aient fait, mais le racisme sous-jacent est très clair», affirme Mary Honderich, représentante de BDS Suisse.

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Ces propos contreviennent au droit international en demandant la disparition de la Palestine et du peuple palestinien
Mary Honderich, militante de BDS Suisse
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«Précédés de 'Vive le sionisme', ces propos contreviennent au droit international en demandant la disparition de la Palestine et du peuple palestinien, analyse la militante genevoise. Se dire que des parlementaires et des élus comme Daniel Jositsch et Ignazio Cassis soutiennent cette association et ses manifestations, cela outrepasse l'entendement.»

La CICAD condamne les propos

Contactée, la CICAD (Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation) condamne l'idée de mettre fin au palestinisme. «Le propos n’est pas acceptable, assène le secrétaire général Johanne Gurfinkiel. Il est maladroit et ouvre la voie à des interprétations graves, en particulier dans le contexte actuel. Il ne reflète en rien les valeurs de rigueur, de responsabilité et de cohésion que nous portons.»

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Lorsqu’un message peut être perçu comme niant une identité collective, il provoque, et c’est légitime, des réactions bien au-delà des cercles militants
Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la CICAD
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Johanne Gurfinkiel qualifie de «responsable» la décision de supprimer cette description. «Dans un climat aussi polarisé, les mots ont un impact direct, assure le porte-parole de la CICAD. Lorsqu’un message peut être perçu comme niant une identité collective, il provoque, et c’est légitime, des réactions bien au-delà des cercles militants.»

Débat toujours vif dans la société suisse

La Coordination contre l'antisémitisme n'est pas particulièrement appréciée non plus dans les milieux pro-palestiniens. C'est pourquoi Johanne Gurfinkiel se distancie des propos de l'ASI: «Nous faisons une distinction nette entre la critique d’une idéologie et la négation de l’existence d’un peuple. Confondre les deux n’est pas seulement une erreur politique: c’est une faute éthique.»

Le porte-parole regrette toutefois «les slogans, les banderoles et les discours appelant à l’éradication de l’état d’Israël, à la mort du sionisme ou à la glorification de groupes terroristes» que son institution défendrait «sans relâche» et «depuis des mois». Du côté de BDS Suisse, on estime que les personnes qui marchent lors des Silent walks de l'ASI «soutiennent l'Etat d'Israël à tout prix et nient l'existence d'un génocide, fait pourtant reconnu par la Cour International de Justice et une commission de l'ONU».

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