Des expulsions plus rapides
La Suisse veut renforcer la lutte contre les requérants d'asile criminels

L'ancien commandant de la police cantonale zurichoise a élaboré des recommandations pour le Secrétariat d'Etat aux migrations en cas de problèmes de sécurité avec des requérants d'asile délinquants. Une collaboration plus étroite entre les autorités est de mise.
Publié: 23.02.2024 à 06:08 heures
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Des incidents de sécurité se produisent régulièrement autour des centres fédéraux d'asile. (image symbolique)
Photo: keystone-sda.ch
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Sophie Reinhardt

A Müllheim (TG) et Wigoltingen (TG), les vols se sont multipliés dans les rues en décembre dernier. Pendant la nuit, des hommes sont entrés par effraction dans des garages et des maisons, tout en se servant dans des voitures. Il s'est avéré que les auteurs étaient un petit groupe de requérants d'asile originaires d'Algérie, de Tunisie et du Maroc et seraient hébergés dans des centres fédéraux d'asile. La police cantonale thurgovienne a pu arrêter deux suspects la nuit même.

L'Office fédéral des migrations (SEM) a également constaté l'année dernière que les délits commis par les demandeurs d'asile se multipliaient. Et il a réagi en conséquence. La cheffe du SEM Christine Schraner Burgener a chargé Thomas Würgler, ancien commandant de la police zurichoise, d'élaborer des recommandations sur la manière de mieux faire face aux demandeurs d'asile délinquants. 

Rapidement remis en liberté

Blick a pu consulter le document de Thomas Würgler en usant de la loi sur la transparence. Le juriste y confirme que «quelques multirécidivistes délinquants», pour la plupart originaires du Maghreb, causent des problèmes de sécurité dans et autour des centres fédéraux d'asile.

Parallèlement, il semblerait que peu de déboutés délinquants seraient placés en détention. Les places de détention prévues pour les requérants renvoyés n'ont été occupées qu'à moitié l'année dernière, comme l'a également déclaré en début de semaine le ministre de la Justice Beat Jans.

Selon Thomas Würgler, des petits groupes de requérants d'asile commettraient un grand nombre de délits mineurs comme des effractions de véhicules, des vols à l'étalage ou des blessures corporelles. Pour ces délits isolés, ils ne se retrouvent pas derrière les barreaux, mais sont souvent relâchés après avoir été interrogés par la police, affirme l'ancien commandant. 

Ce constat peut s'expliquer par différents facteurs, notamment le fait que, dans certains cantons, la justice est surchargée et que les dossiers s'accumulent au Ministère public. Ainsi, le traitement des dossiers peut parfois durer des mois. Entre-temps, le fautif a pu récidiver ou a disparu dans la nature.

Berne, un exemple?

C'est pourquoi Thomas Würgler préconise une collaboration plus étroite entre les autorités, en plus des mesures policières déjà renforcées autour des centres d'asile.

Le canton de Berne est un modèle en la matière, selon l'ancien commandant. Le Ministère public est informé lorsqu'un requérant d'asile a commis plusieurs délits. Dans ce genre de cas, les autorités ont le droit de se renseigner directement auprès du SEM et de l'autorité cantonale de la migration sur le statut de la demande d'asile de la personne concernée.

Si la demande d'accueil a été rejetée, le requérant débouté peut être directement placé en détention en vue de son expulsion, à moins que son état de santé, par exemple, ne s'y oppose. Selon les experts, il s'agit d'une voie prometteuse pour expulser les récidivistes.

Changer les méthodes en Suisse

Pour que les récidivistes ne soient pas simplement remis en liberté dans les autres régions, Thomas Würgler recommande d'introduire la méthode bernoise dans toute la Suisse. Et pour cela, il a le plein soutien du conseiller fédéral PS Beat Jans en charge du dossier.

Lors de son intervention devant les médias au Tessin, il a promis d'agir de manière forte contre les requérants d'asile problématiques. Cependant, c'est aux autorités cantonales de décider si et comment elles veulent vraiment le faire. Beat Jans tente d'inciter les cantons à participer à des tables rondes.

La Confédération ne peut pas forcer les cantons, mais une étude comparative entre les cantons devrait mettre en lumière, d'ici à quelques mois, lesquels sont plutôt réticents en matière de détention et d'expulsion. La pression de l'opinion publique pourrait être forte dans les cantons les moins entreprenants.

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