La rue de l’École-de-Médecine, «rue de la soif» genevoise, est d’ordinaire tranquille à 9h30 le mercredi. Elle est aujourd’hui, 15 novembre, débordante de voitures. Comme toutes les rues du centre-ville de Genève.
L’Arve a connu dans la nuit sa crue du siècle, le plus haut débit jamais mesuré depuis 1904. Les ponts de Carouge, des Acacias, de la Fontenette, de Vessy et de Val d’Arve sont totalement fermés au trafic. Cela vaut aussi pour les piétons et les trams. Personne n’y marche, personne n’y roule.
Croisé en plein travail à proximité de la passerelle Wilsdorf, ouverte, elle, le lieutenant du Service d’incendie et de secours (SIS) Nicolas Millot indique que la rivière a atteint son pic de crue à 9h45 mercredi matin. «On a dépassé les 1000 m3 d’eau par seconde. La crainte, c’est que des troncs d’arbres tapent les tabliers des ponts. »
Conséquence: les ingénieurs en génie civil ont ordonné leur barricade. «Il faut attendre que la crue redescende. Aujourd’hui, la patronne, c’est la rivière.»
La police a communiqué, notamment sur les réseaux sociaux, que les ponts rouvriraient au plus tôt dès midi. Le trafic des trams sera rétabli avant d’autoriser l’accès aux piétons.
À la rue de Carouge, où circule la ligne 12 du tram, reliant la cité Sarde aux Rues Basses, il n’y a personne. Le contraste avec le trafic des artères voisines est saisissant. La ville est comme coupée en deux.
Depuis le début des mesures, en 1904, l’Arve a dépassé cinq fois les 800 m3 d’eau par seconde. En 2015, elle avait atteint 915 m3/s. Bien moins qu’aujourd’hui.
Aux abords d’Uni Mail, la rivière est montée à 3 centimètres du trottoir, rapporte «20 minutes». Des boudins de protection et des plaques de bois ont été installés pour éviter les débordements. Le trafic sera fortement perturbé dans toute la ville, toute la journée.