Fervent défenseur de la cause palestinienne, Carlo Sommaruga va à nouveau s’attirer les foudres de ceux qui l’accusent de complaisance envers le Hamas. Et ce, même si le conseiller aux États du bout du Léman a à nouveau très clairement condamné les exactions de l’organisation islamiste lors du congrès du Parti socialiste (PS) de ce samedi 24 février, à Genève.
Dans un vibrant hommage à son père, l'ancien président du CICR Cornelio Sommaruga enterré la veille, l'élu du parti à la rose s'est exprimé sur le conflit israélo-palestinien. «J'ai appris quelques petites choses de mon père, lance-t-il à la tribune. D'abord, quand il y a violation des droits humains, quand des vies sont en jeu, il faut le dire haut et fort. J'ai aussi appris de mon père qu'il ne faut plus croire le narratif d'Israël, qu'il faut s'en détacher et regarder ce qu'il se passe sur le terrain [...]. Et enfin, j'ai appris qu'il fallait s'engager sans ménagement pour la paix et pour trouver des solutions de dialogue.»
Celui qui siège à la Chambre haute salue la section genevoise de son parti qui, «déjà au mois de novembre», dénonçait «les violations du droit humanitaire» du Hamas et d'Israël. «Je remercie aussi le parti — même si c'est venu très tard et je l'ai dit publiquement — qu'il ait une résolution [à ce propos] au congrès», souligne-t-il.
«Ce n'est pas antisémite»
Carlo Sommaruga rappelle qu'il était à l'origine, en Suisse, «du mouvement anti-apartheid»: «Aujourd'hui, je veux que le parti socialiste vienne aussi — comme il l'a fait pour le mouvement anti-apartheid — dans un mouvement de boycott et de sanctions [contre] Israël pour que cet État respecte le droit international.» Il ajoute, l'index dressé: «Ce n'est pas être antisémite que faire cela: la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) l'a dit dans un arrêt qui concernait la France. Il n'y a pas dans le cadre du boycott d'Israël une attitude antisémite. C'est une question de liberté d'expression.»
Après avoir dénoncé «une faillite des États européens et de la Suisse», le sénateur a volé au secours de l’UNRWA, agence de l’ONU à laquelle plusieurs pays ont suspendu leurs versements. Pour mémoire, l'UNRWA est au centre d'une controverse depuis qu'Israël a accusé douze de ses 30'000 employés régionaux d'implication dans l'attaque terroriste du 7 octobre menée par le Hamas. Un assaut d'une violence sans précédent dans le sud d'Israël, qui avait entraîné la mort d'au moins 1160 personnes, en majorité des civils.
De l'autre côté, depuis le début de la guerre, près de 30'000 palestiniens — là aussi très majoritairement des civils — auraient été tués, selon le Hamas. La situation humanitaire ne cesse d'empirer dans le territoire palestinien où 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées d'une «famine de masse», selon l'ONU, citée par Keystone-ATS.