Imaginez l'horreur de la scène: vous entrez dans la chambre de votre fille et voyez un inconnu s'introduire par la fenêtre en pleine nuit! C'est exactement ce qui est arrivé à Adriana I.* le soir du 13 octobre à Benglen, dans le canton de Zurich.
En voyant l'individu chez elle, elle hurle de peur et parvient à chasser l'intrus, qui s'enfuit par la fenêtre et disparaît aussitôt. Adriana a tout juste le temps de sortir son téléphone portable pour le prendre en photo sur le rebord de la fenêtre. La sexagénaire est encore sous le choc. «Un homme qui entre dans une chambre illuminée à 20h30 est prêt à tout, comme violer, voire à tuer», assure-t-elle. Elle apprend alors que quelques heures plus tôt, le même homme a effrayé son autre fille, lorsqu'elle promenait son chien peu avant 19h.
«Un homme était assis sur un banc, sur la colline, à côté d’une table de ping-pong», raconte Adriana. Lorsque sa fille Elisa est passée devant lui, il s’est levé d’un bond et a crié à plusieurs reprises «Bonjour!». Prise d'un mauvais pressentiment, Elisa a changé de chemin et est rentrée chez ses parents.
La police confirme l'incident
Une bonne heure et demie plus tard, l'inconnu s'est introduit dans la chambre de sa sœur Petra*. «J'ai entendu du bruit dans sa chambre, mais je savais qu'elle était dans la salle de bain», se souvient Adriana, qui décide d'aller voir ce qu'il se passe.
La police arrive rapidement sur les lieux et recueille des preuves médico-légales. L'homme est arrêté le soir même, d'après la police cantonale. «Les circonstances exactes et son mobile font l'objet d'une enquête en cours», précisent les agents. Le suspect est un Suisse de 35 ans qui habite dans un asile à quelques centaines de mètres de l'appartement d'Adriana. En effet, cet asile permet à des bénéficiaires de l'aide sociale de louer des chambres individuelles. «L'homme a été libéré après avoir été interrogé», ajoute la police, un véritable choc pour Adriana et ses filles. Comment peut-il être encore en liberté après être entré chez elles par effraction en pleine nuit sans être placé en détention préventive?
Le motif officiel de l'agresseur reste fou, mais Adriana est convaincue qu'il voulait du mal à sa fille aînée Petra. Ce jeudi 23 octobre, le porte-parole de la police cantonale Florian Frei explique à Blick: «La police cantonale zurichoise a signalé cette affaire au parquet pour tentative de vol avec effraction et violation de domicile.»
Avant d'ajouter: «Nous sommes restés en contact avec les personnes concernées et leur avons indiqué qu'elles devaient s'annoncer à tout moment et à bas seuil en appelant le numéro d'urgence 117.» Mais Adriana et ses filles sont encore inquiètes.
Des conditions strictes
Pour mieux comprendre cette affaire, Blick a interrogé Simon Huwiler, avocat et maître de conférences en droit pénal à l'Université de Berne, ainsi qu'André Kuhn, expert en droit pénal du cabinet Penalisti. Ils attirent tous deux l'attention sur ce point: la police doit respecter des règles strictes!
Par exemple, les agents ne peuvent détenir un suspect que pendant 24 heures, mais le procureur peut prolonger la garde à vue jusqu'à 48 heures. Toute autre durée doit être examinée par le tribunal des mesures coercitives. En ce qui concerne la détention préventive, il s'agit d'une atteinte massive à la liberté individuelle qui ne peut être prononcée que sous des conditions strictes, d'après les deux juristes.
«Pour une détention préventive, il faut d'abord qu'il y ait de forts soupçons de crime ou de délit. Ensuite, il faut soit un risque de fuite, soit un risque de dissimulation, soit un risque de récidive», explique André Kuhn. Par ailleurs, «la police doit respecter scrupuleusement le principe de proportionnalité», ajoute Simon Huwiler.
Pas de risque de fuite
Dans le cas présent, André Kuhn analyse comment les autorités judiciaires évaluent les motifs de détention: «Puisque le prévenu est suisse, le risque de fuite est quasiment nul. Le risque d'entrave à la justice est aussi écarté, car le suspect a été photographié dans la maison. Les personnes impliquées ont déjà été interrogées à ce sujet par la police. Il ne faut donc pas s'attendre à une influence sur les interrogatoires à venir.» Enfin, si le suspect n’a pas d’antécédents judiciaires, le risque de récidive est généralement nul.
«Le fait que le prévenu habite à proximité du domicile familial ne compte pas», précise André Kuhn. «Le seul facteur déterminant, c'est de savoir si les motifs légaux de détention sont remplis.»
Au lieu d'une détention préventive, la police a souvent recours à des mesures moins sévères, comme des mesures d'éloignement, des ordonnances de confinement et des interdictions de contact, poursuit le juriste. Ces mesures sont toutes limitées à trois mois et doivent être renouvelées régulièrement.
* Noms anonymisés