«C'est un cas exceptionnel»
Un expert en criminologie décrypte le drame de Berikon

C'est un événement choquant qui s'est produit ce dimanche à Berikon dans le canton d'Argovie. Une jeune fille de 14 ans aurait poignardé une camarade de classe âgée de 15 ans. Un expert en criminologie souligne la rareté de tels cas en Suisse.
Publié: 13.05.2025 à 10:12 heures
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Dernière mise à jour: 13.05.2025 à 12:36 heures
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Un drame s'est produit dimanche à Berikon.
Photo: keystone-sda.ch
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Martin Meul

C'est un acte inconcevable qui a secoué la petite commune de Berikon, située dans le canton d'Argovie. Dimanche après-midi, une jeune fille de 14 ans aurait tué une camarade de classe de seulement une année son aînée. La victime est décédée de ses blessures causées à l'arme blanche. 

Selon la police cantonale argovienne, la victime était originaire de la région. Les mesures de réanimation immédiates ont été vaines, a expliqué le porte-parole de la police argovienne, Bernhard Graser. «La personne est décédée sur place», a-t-il indiqué. 

L'auteure présumée des faits habiterait également dans la région. Selon la police, les deux jeunes filles étaient scolarisées dans la même école. La nature de leur relation et le motif éventuel ne sont pas encore connus pour le moment. 

Un cas exceptionnel

En Suisse, les homicides comme celui de Berikon sont extrêmement rares. Dirk Baier, expert zurichois en criminalité et spécialiste de la délinquance juvénile, indique à Blick: «Cet acte est vraiment exceptionnel.» Le fait qu'une jeune fille en tue une autre avec un couteau n'arrive que très rarement en Suisse.

Dirk Baier ne connaît qu'un seul cas comparable, qui s'est déroulé en Allemagne, en mars 2023, lorsque Luise F. a été tuée à Freudenberg par deux jeunes filles du même âge. Là aussi, l'arme du crime était un couteau. «En Suisse, il y a en moyenne deux agressions au couteau par an chez les filles. Mais souvent sans que cela n'entraîne la mort. Berikon représente donc une exception tragique», explique-t-il.

Selon l'expert en criminologie, les agressions au couteau sont plus courantes chez les hommes. «Pourtant, nous savons que plus de 5% des femmes ont également un couteau sur elles», affirme l'expert.

Un acte impulsif?

L'expert n'est pas non plus en mesure de dire exactement ce qui s'est passé dimanche entre les deux jeunes filles. «Je pense qu'il s'agit d'un acte impulsif à la suite d'une dispute», dit-il. L'âge de l'auteure et de la victime plaide en ce sens. «Cet âge est souvent marqué par des actes sous le coup de l'émotion, pour lesquels on n'est pas encore très conscient des conséquences. Les disputes peuvent alors rapidement dégénérer, jusqu'à des événements aussi tragiques.» Cela a également été le cas lors de la mort de Luise, en Allemagne.

Le fait que l'auteur de l'agression ait aussi été blessé plaide en faveur d'une bagarre plutôt que d'une attaque ciblée.

Augmentation des agressions au couteau

Depuis 2015, les agressions au couteau sont à la hausse chez les mineurs en Suisse. Ainsi, une dizaine d'agressions de ce type ont eu lieu en 2016. L'année dernière, près de 50 attaques au couteau ont été enregistrées en Suisse. «Il faut toutefois dire que ce chiffre doit être considéré comme faible», explique Dirk Baier.

L'expert plaide avant tout pour le développement et l'amélioration de la prévention. «Il est essentiel que les situations qui conduisent à des résultats aussi tragiques soient identifiées et abordées à temps.» Par exemple, lorsqu'il s'agit de harcèlement. «Aussi graves que soient des actes comme celui de Berikon, nous devons surtout nous demander comment nous pouvons éviter que cela ne se reproduise à l'avenir», souligne Dirk Baier.

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