L'écrasante majorité des communes (109 sur 122) a rejeté la loi avec, comme attendu, une forte opposition dans le Haut-Valais. Les villes du Bas-Valais (Sion, Sierre, Martigny et St-Maurice, mais pas Monthey) se sont montrées favorables, mais pas suffisamment pour inverser la tendance.
Une loi jugée utopique
«C'est la victoire du bon sens», a réagi Raphaël Filliez, responsable de campagne et député-suppléant au Grand Conseil, contacté par Keystone-ATS. Pour l'élu de l'Union démocratique du centre (UDC), dont le parti était le seul avec le Centre du Haut-Valais à s'opposer au texte, «la population a simplement lu la loi» et constaté qu'elle était «irréaliste». Pour un canton de montagne comme le Valais, il est utopique de vouloir atteindre le zéro émission de CO2 en 2040, soit dix ans plus tôt que la Confédération et que la majorité des autres cantons, a-t-il poursuivi.
Quant aux «promesses» du Conseil d'Etat que cette nouvelle loi ne s'accompagnerait d'aucune restriction ni nouvelles taxes, «la population n'y a pas cru», a ajouté Raphaël Filliez. Selon lui, des mesures doivent bel et bien être entreprises pour lutter contre le dérèglement climatique, mais elles devront être «incitatives», a-t-il dit, citant l'exemple d'une «fiscalité verte».
Interrogé par Keystone-ATS, le conseiller d'Etat Roberto Schmidt a dit «prendre acte» de ce résultat. S'il s'attendait à un refus dans le Haut-Valais, il s'est dit «surpris» par l'absence de soutien dans le Valais romand. Pour le chef du Département des finances et de l'énergie, la diffusion répétée de «fausses informations» durant la campagne, au sujet de prétendues interdictions engendrées par la loi, a fini par générer de «fausses peurs» parmi la population. «Nous avons constamment répété que la loi n'occasionnerait aucune interdiction, uniquement des mesures d'encouragement et des aides, mais sans succès», a-t-il reconnu.
Marge de manoeuvre limitée
Roberto Schmidt a rappelé que la loi prévoyait la création d'une réserve climatique, d'une dotation initiale de 100 millions de francs. Sans ce financement, la marge de manoeuvre du Conseil d'Etat sera plus limitée. «Il y aura moins d'argent pour sécuriser la population» face aux catastrophes climatiques ou pour «accompagner les propriétaires» à rénover leurs bâtiments, a-t-il illustré. Le Conseil d'Etat va certes continuer de prendre des mesures climatiques, mais celles-ci devront être financées par le budget ordinaire de l'Etat, «ce qui sera beaucoup plus compliqué à mettre en oeuvre», a prévenu Roberto Schmidt.
La large alliance qui soutenait la loi, composée d'élus de gauche et de droite, de représentants de communes, de plusieurs secteurs économiques ou encore d'associations environnementales, a aussi regretté «un rendez-vous manqué». Dans un communiqué, les membres de cette alliance estiment que ce résultat «marque une pause dans la mise en place de mesures ambitieuses», mais qu'il ne doit pas «ralentir notre engagement face au dérèglement climatique», lequel touche le Valais «de manière directe et pressante.»
A l'instar du Conseil d'Etat, cette alliance a aussi «déploré» une campagne marquée par «des arguments souvent peu fondés». Selon elle, la mobilisation tous azimuts pour la loi n'a «pas fait le poids face aux moyens de propagande engagés par les opposants.» Pour Raphaël Filliez en revanche, la population n'a fait que «corriger» le vote du Grand Conseil, où la loi avait été largement soutenue par 93 voix contre 30. Comme en début d'année avec le refus d'une nouvelle Constitution, le vote de dimanche a confirmé que le Parlement est «largement plus positionné à gauche que la population valaisanne», a-t-il dit.