«C'est du paternalisme!»
Ces politiciens suisses s'insurgent contre les nouvelles recommandations sur l'alcool

Quelle est la quantité d'alcool autorisée par jour? Pour l'OMS, même une consommation modérée d'alcool est mauvaise pour la santé. Pourtant, certains partis veulent empêcher la Confédération de formuler des recommandations sur les habitudes de consommation des citoyens.
Publié: 29.09.2025 à 21:59 heures
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Le conseiller aux Etats du Centre Benedikt Würth a déposé une motion concernant les nouvelles recommandations sur l'alcool.
Photo: keystone-sda.ch
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Céline Zahno

«Un verre de vin, c'est bon pour le cœur». Un vieux dicton que certains respectent encore aujourd'hui à la lettre. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a pourtant mis fin à ce mythe depuis quelque temps déjà: il y a deux ans, elle a publié dans une revue spécialisée un bilan selon lequel il n'existe pas de quantité d'alcool sans danger pour la santé.

Pour la sécurité de ses citoyens, la Confédération souhaite publier cette année encore de nouvelles recommandations sur la consommation d'alcool, en s'inspirant des conclusions de l'OMS. Ainsi, la ministre de la Santé compétente, Elisabeth Baume-Schneider, a récemment déclaré au Conseil national: «Des études scientifiques montrent que même une consommation modérée d'alcool peut être dangereuse pour la santé.»

Pas le rôle de l'Etat?

Pour éviter que cette position ne se traduise dans de nouvelles recommandations effectives, des députés des deux bords de l'échiquier politique organisent désormais une forme de résistance. Ainsi, le conseiller aux Etats du Centre Benedikt Würth a déposé une motion dans laquelle il demande un «arrêt de marche» vis-à-vis des nouvelles recommandations sur la consommation modérée d'alcool. Des politiciens du Parti libéral-radical (PLR), de l'Union démocratique du centre (UDC) et du Parti socialiste (PS) l'ont co-signée.

«Selon les études les plus récentes, ce n'est pas scientifiquement défendable», justifie Benedikt Würth. Dans son intervention, il énumère différentes études: une évaluation commandée par le Congrès américain montre par exemple qu'une consommation modérée réduirait légèrement la mortalité globale, les maladies cardio-vasculaires et le diabète. Le document précise cependant que cela augmenterait le risque de cancer.

«Ce n'est pas le rôle de l'Etat de diaboliser la consommation d'alcool, poursuit Benedikt Würth. C'est du paternalisme! Bien sûr, l'addiction est un problème, mais pour cela, nous investissons déjà beaucoup dans la prévention et le conseil.»

D'autres pays recommandent aussi de s'abstenir

En fait, l'OMS a également fait l'objet de critiques de la part du secteur viticole. Ils reprochent à l'organisation de se référer à des études de scientifiques proches du mouvement d'abstinence. Le conseiller aux Etats Benedikt Würth a également soulevé cette question dans une précédente intervention, citant explicitement le scientifique Tim Stockwell. Son équipe a évalué 107 études à long terme et a montré aucun avantage pour la santé des personnes consommant modérément.

Selon le département d'Elisabeth Baume-Schneider, les recommandations de l'OMS ne se basent toutefois pas uniquement sur cette étude. En effet, d'autres grandes études soutiennent tout autant les recommandations de l'OMS. Des experts de l'université de Stanford, en Californie, affirment par exemple que les preuves s'accumulent. «Nous n'avons pas de preuves claires que la consommation modérée d'alcool apporte des avantages pour la santé, mais nous avons des preuves claires qu'elle est nocive.»

Par ailleurs, les autorités sanitaires canadiennes et la société allemande de nutrition recommandent par ailleurs de renoncer complètement à l'alcool.

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