«On pourrait construire un tunnel sur le flanc de la vallée»
Un professeur de l'Ecole polytechnique fédérale a quelques solutions pour l'avenir de Blatten

De nouvelles analyses du cône de déjection qui s'est créé à Blatten montrent qu'il y a 30 mètres d'éboulis dans la vallée. Linard Cantieni, professeur à l'ETH, explique ce que cela signifie et quelles sont les solutions qui pourraient être abordées.
Publié: 07.06.2025 à 21:30 heures
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Dernière mise à jour: 07.06.2025 à 21:56 heures
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Après la catastrophe naturelle de Blatten (VS), l'immense cône de déjection domine toujours le Lötschental.
Photo: keystone-sda.ch
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Beat Michel

La catastrophe naturelle de Blatten, en Valais, s'est produite il y a maintenant plus d'une semaine. Le glacier du Birch a glissé dans les profondeurs. Et aujourd'hui encore, l'énorme cône de déjection domine le Lötschental. Des millions de mètres cubes de matériaux s'étendent d'un flanc de la montagne à l'autre.

La question se pose: comment vivre à l'avenir à côté de ce cône de déjection? Qu'est-ce qui est techniquement possible de faire? Blick s'est entretenu avec Linard Cantieni, un expert reconnu pour ce type de questions. Il est professeur à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETH) dans le domaine du génie civil, plus particulièrement dans les constructions souterraines. Il est par ailleurs le seul expert qui a bien voulu s'exprimer sur le problème. Toutes les grandes entreprises de construction comme Implenia, Frutiger, Porr et Lombardi sont restées muettes.

«Il est difficile de faire une première estimation, car on en sait encore très peu sur la nature du cône de déjection», déclare l'expert. Pour lui, un tunnel au milieu du cône, comme déjà évoqué par différentes parties, n'aurait aucun sens. «La construction serait très exigeante et la fonte de la glace dans les éboulis entraînerait un tassement irrégulier du tunnel, qui serait aussitôt impraticable», explique-t-il.

Un suspens de plusieurs années?

Une analyse est maintenant décisive pour le choix d'une solution technique. «L'évolution de la situation en montagne est déterminante. La situation restera-t-elle critique pendant des années? Ou est-ce que la pente se stabilisera au-dessus de la vallée?», s'interroge-t-il.

Si le Nesthorn reste instable, on pourrait, toujours selon Linard Cantieni, «construire un tunnel de contournement autour du cône d'éboulis sur l'un des deux flancs de la vallée dans la montagne» afin de desservir la zone située derrière le cône. «Celui-ci serait alors long d'au moins quatre à cinq kilomètres, selon l'emplacement des portails et le tracé, et sa construction serait en conséquence longue et coûteuse», explique le professeur de l'ETH.

Depuis jeudi, une nouvelle analyse réalisée à l'aide de données de Swisstopo est accessible au public. Pour la première fois, on peut voir la scène avec précision. Le cône de déjection a une hauteur maximale d'un peu plus de 35 mètres. En de nombreux endroits, il ne couvre le fond de la vallée que de 20 mètres. Sur le graphique, qui repose sur l'analyse d'un étudiant en design géo-visuel d'une Haute école de Munich, Simeon Schmauss, on peut voir les différences d'altitude avant et après l'éboulement.

Il vaut la peine d'étudier les mesures de Randa

Cela signifie que le cône de déjection de Blatten peut être comparé, en termes d'altitude, à celui de l'éboulement de Randa, également dans le canton du Valais, en 1991. «Cela vaut la peine d'étudier les mesures prises à l'époque», explique Linard Cantieni. «A Randa, on a creusé un canal de 20 mètres de profondeur pour l'eau. Pour la circulation, on a construit une route auxiliaire.» Une route d'accès passe encore aujourd'hui sur la roche, 34 ans après l'éboulement dévastateur.

Pour mémoire, à Randa, 33 millions de mètres cubes de roches avaient déferlé dans la vallée. Une grande partie du hameau de Lerch, la route principale vers Zermatt et la ligne du chemin de fer Brigue-Viège-Zermatt avaient été ensevelies. 

Il reste à analyser si des mesures similaires seraient techniquement réalisables pour Blatten. «Pour cela, la situation en montagne doit rester stable», explique Linard Cantieni. «Il faut d'abord explorer le cône de déjection de Blatten pour trouver un tracé approprié pour le canal», conseille-t-il.

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