Depuis l’éboulement dévastateur du glacier du Birch au-dessus Blatten, mercredi 28 mai, un important élan de solidarité s’est manifesté à travers toute la Suisse. Des quantités impressionnantes de dons en nature ont afflué dans la vallée. «Nous avons été littéralement submergés par des camions entiers de dons de mobilier, d'équipements ou de fournitures… Merci infiniment à toute la Suisse», a déclaré Christian Rieder, président du conseil de vallée du Lötschental. «Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’argent. Et en francs suisses.»
La capacité des autorités à accueillir l'important flux de dons, provenant en majorité de particuliers, atteint désormais ses limites. A Gampel-Steg, non loin de Blatten, Markus Ammann, sa sœur et un ami, ont collecté tellement de matériel qu’ils ne savent plus où l'entreposer. Ils ont utilisé un restaurant et une salle de concert désaffectée pour tout stocker. Les images sont impressionnantes.
«Nous avons reçu de tout: jouets, vêtements pour enfants et adultes, produits d’hygiène, nourriture, ustensiles de cuisine, électroménager, chaussures, sacs de couchage… vraiment tout», raconte Markus Ammann. Certains objets et vêtements étaient flambants neufs à leur arrivée, parfois même encore étiquetés. «C'était très agréable à voir!» Mais d’autres objets déposés ont nécessité un tri fastidieux: habits troués ou tachés, jouets cassés, etc.
Une partie des dons ira en Roumanie
Seulement voilà, les autorités n’acceptent désormais plus de dons en nature, car elles ne savent tout simplement plus qu'en faire. Le site web de la commune indique par ailleurs: «La commune n'est actuellement pas en mesure de gérer ces dons sur le plan organisationnel et administratif.»
Mais Markus Ammann tient à rassurer: «Rien ne sera jeté». Pour réduire le stock, l'organisation d'un marché aux puces est envisagée. Les bénéfices seraient ensuite reversés à Blatten. Quant au reste du matériel, il devrait être redistribué. «Nous sommes en contact avec des organisations qui viendront chercher une partie des dons pour les envoyer en Roumanie», précise-t-il.
«Les dons en nature sont difficiles à gérer»
De plus en plus de voix rappellent que ce type d’aide devient difficile à gérer. «Les dons en nature nécessitent une logistique lourde, souvent ingérable dans une situation d’urgence», explique Joëlle Etienne, porte-parole de la Croix-Rouge suisse. L’organisation n’en accepte d’ailleurs pas. «Nous recommandons des dons financiers, qui permettent une action plus ciblée et flexible.»
La Croix-Rouge avait déjà récolté 630'000 francs mardi. Même constat du côté de la Chaîne du Bonheur. «Les dons en nature ne correspondent pas toujours aux besoins réels sur place», souligne son porte-parole Fabian Emmenegger. Là aussi, seules les contributions financières sont acceptées. Plus de 6,6 millions de francs ont déjà été récoltés.
Les premiers francs seront versés prochainement
Mais comment ces fonds sont-ils utilisés? « Nous travaillons en coordination avec la commune de Blatten et d’autres institutions pour organiser la suite des opérations», précise Fabian Emmenegger. Les premiers versements devraient arriver dans les prochains jours.
L’aide se déploie en trois phases. D’abord l’aide d’urgence, qui permet de répondre aux besoins immédiats des familles touchées Ensuite vient la phase de transition, couvrant les dépenses à moyen terme, comme la perte de revenus, la hausse des loyers ou des coûts d’exploitation. Enfin, une phase d’accompagnement à long terme est prévue pour soutenir les personnes affectées sur plusieurs années.
«L’objectif est d’assurer un soutien durable. Que l’aide puisse non seulement répondre à l’urgence, mais aussi accompagner les victimes sur le long terme », conclut Fabian Emmenegger. Et si des fonds restaient disponibles une fois tous les projets achevés, ils pourraient être utilisés pour faire face à de futures catastrophes en Suisse.
Vous voulez aider? Vous trouverez ici différentes organisations qui acceptent les dons financiers: