Près d'une semaine après la rupture du glacier du Birch qui s'est effondré sur le village de Blatten, la situation reste tendue dans le Lötschental valaisan. A Tourtemagne, dans le Haut-Valais, les troupes de l'armée attendent toujours de pouvoir intervenir dans la zone sinistrée. «La situation est encore trop incertaine, l'armée doit prendre son mal en patience», explique Fernando Lehner, membre de l’état-major régional du Lötschental.
L'alerte ne peut toujours pas être levée dans la zone de Blatten, indique le canton dans un communiqué publié lundi. «Une activité très intense est de nouveau enregistrée sur le Petit Nesthorn.» Pour l’heure, toute intervention militaire sur le cône de débris est exclue. Lundi, un hélicoptère privé de type K-Max a survolé la région et a retiré des troncs d’arbres du lit de la Lonza. Cette machine puissante peut soulever jusqu’à 2,7 tonnes.
Retirer le bois et rétablir l'accès à Blatten
Lorsque l'armée aura reçu le feu vert des autorités, elle aura notamment pour tâche de retirer les importantes quantités de bois qui se sont accumulées dans la rivière et ses alentours. «Les troupes vont élargir le lit de la Lonza à l’aide d’engins lourds et retirer le bois flotté. C’est essentiel pour la sécurité des villages», insiste Fernando Lehner.
Autre mission centrale: rétablir l'accès au village de Blatten et au fond de la vallée, une opération complexe qui nécessitera toutes les compétences clés de l'armée. «Nous travaillons déjà à l’ouverture d’une route entre Wiler et le cône de débris. Cette voie sera indispensable pour permettre à l’armée de commencer son intervention», poursuit le responsable valaisan.
Parallèlement, la construction d’une route de secours, qui relie Wiler au fond de la vallée a déjà commencé. Cette voie d'accès ne sera praticable que jusqu’aux premières neiges. «Après cela, la zone située derrière le cône de débris sera à nouveau coupée du monde», explique Fernando Lehner. Lundi, un hélicoptère est d'ailleurs allé récupérer les bagages des employés des deux hôtels du village voisin de Fafleralp, rendu lui aussi inaccessible par l'éboulement de mercredi. Aucun client n’y sera accueilli jusqu’à nouvel ordre.
«Situation complexe en montagne»
«La situation sur la montagne reste complexe», poursuit Fernando Lehner. Selon lui, plusieurs centaines de milliers de mètres cubes de roches menacent encore de dévaler le flanc du Petit Nesthorn. «C’est beaucoup moins qu’avant, mais elles finiront par se détacher tôt ou tard.» Le communiqué du canton précise, lui, que le couloir situé en-dessus du glacier contient encore environ 300'000 mètres cubes de matériaux.
Le responsable militaire du Lötschental se veut néanmoins rassurant: «Ces masses ne peuvent plus s’effondrer sur le glacier, car il n’existe plus. Une cuvette s’est formée et c’est là que les débris s’accumulent désormais.» Cela ne signifie pas pour autant que le danger est écarté. «Un petit lac est en train de se former dans la cuvette du glacier du Birch. Des coulées de boue pourraient se produire dans le couloir en contrebas», prévient-il.
Du côté de Tourtemagne, les troupes patientent. Des pelleteuses, des pompes à eau, du matériel d'éclairage sont d'ores et déjà prêts à être employés. L'armée de l'air est également sur le qui-vive. «Nous pourrons entrer en action dès que la direction des opérations civiles estimera que la situation le permet», explique le porte-parole de l'armée Stefan Hofer à Blick.
L'avis fondamental des experts
L'état-major régional s'appuie quant à lui sur l’expertise d’un groupe de spécialistes et de géologues mandatés par le canton. C’est sur la base de leur analyse que le feu vert final au déploiement des forces civiles et militaires sera donné.
Malgré les circonstances, un certain optimisme règne dans le Lötschental. Des enfants de Blatten confient à Blick: «Nous pouvons retourner à l’école, à Kippel.» Pour eux, c'est une petite victoire: «Ça nous redonne un semblant de normalité. Ça nous aide à penser à autre chose, à nous changer les idées.» Ce qui leur manque le plus? Le village, la maison, la communauté, répondent-ils tous sans hésiter.
«Le président de la commune nous donne l’espoir d'avoir un jour un nouveau Blatten», tempèrent-ils. Pour les habitants de la région, une chose est certaine: personne n'abandonnera le combat. Et les enfants de conclure avec une émouvante détermination: «Nous resterons dans le Lötschental, même si ce ne sera plus jamais comme avant.»