Le Conseil fédéral in corpore a reçu mercredi à Berne le président sud-africain Cyril Ramaphosa avec les honneurs militaires. Ce dernier et Karin Keller-Sutter ont salué des relations fortes. Cinq déclarations d'intention ont été signées. Souvent critiquée pour ne pas s'être activement associée aux sanctions de la communauté internationale contre Pretoria durant l'apartheid, la Confédération entretient de très bonnes relations avec l'Afrique du Sud depuis le changement de régime.
L'histoire montre qu'il y a eu des «périodes sombres» dans les relations entre les deux Etats, a déclaré Mme Keller-Sutter mercredi lors d'un discours au Palais fédéral. Elle s'exprimait à l'issue d'une cérémonie où le président Ramaphosa a été reçu sur la Place fédérale à Berne avec les honneurs militaires.
Mme Keller-Sutter s'est réjouie des relations variées et vivantes qui existent aujourd'hui. L'Afrique du Sud, première puissance économique du continent africain et membre du G20, dont elle assume actuellement la présidence, est d'ailleurs le deuxième partenaire commercial de la Suisse en Afrique et la principale destination des investissements directs suisses sur le continent.
Approfondir les relations
La visite de Cyril Ramaphosa est la première visite d'Etat d'un président sud-africain en Suisse. Nelson Mandela était venu en 1997, en visite officielle. M. Ramaphosa a expressément rappelé dans son discours les mérites des opposants suisses à l'apartheid. Leur solidarité a été la semence de l'amitié actuelle entre les deux Etats, a-t-il estimé.
Il a aussi vanté les relations commerciales entre les deux pays. Tant la Suisse que l'Afrique du Sud ont été fortement touchées par l'imposition de nouveaux droits de douane américains, a-t-il rappelé ultérieurement lors d'une conférence de presse. Des droits qui «nous ont conduits à élargir» le cercle des partenaires commerciaux.
Dans ce contexte, on espère aussi encore renforcer le niveau des relations commerciales avec la Suisse, a précisé M. Ramaphosa. Karin Keller-Sutter, interrogée également à ce sujet, s'est contentée de dire que le Secrétariat d'Etat à l'économie continue de discuter avec ses homologues américains. «A la fin, c'est le président Trump qui décidera, il faut encore un peu de patience.»
Les deux pays ont en tout cas réaffirmé leur intention de reprendre et de faire avancer les négociations visant à moderniser l’accord de libre-échange existant entre les Etats de l’Association européenne de libre-échange et l’Union douanière d’Afrique australe.
Conflits et paix
Les deux pays sont multiculturels et multilingues, a aussi dit la présidente de la Confédération. Grâce à son histoire, l'Afrique du Sud est bien placée pour aider d'autres Etats à trouver des solutions pacifiques aux conflits.
Une déclaration relative à la médiation et à la démocratie prévoit donc que la Suisse et l’Afrique du Sud approfondissent leur coopération en matière de médiation de paix, développent des approches communes et inclusives en vue de la prévention et du règlement des conflits politiques et armés et renforcent ensemble la résilience démocratique.
L'Afrique du Sud a déposé une requête pour génocide contre Israël devant la Cour internationale de Justice par rapport au conflit à Gaza. «Nous avons connu l'apartheid, c'est notre expérience et les événements sont similaires», a souligné à ce propos Cyril Ramaphosa.
De nombreux pays ont exprimé leur position à ce sujet. «Nous respectons la réponse de la Suisse», qui s'engage pour faire face à la souffrance des civils palestiniens, a précisé le président sud-africain.
Les délégations ont aussi signé des déclarations dans les domaines de la coopération et de la formation professionnelle. Enfin, un autre document vise à approfondir la coopération dans les domaines de l’art, de la culture et du patrimoine culturel.
La veille, la Ville de Neuchâtel a remis de manière volontaire à l'Afrique du Sud trois objets à vocation symbolique et religieuse, à savoir une canne en bois sculpté, un panier de divination et une amulette, détenus depuis plus d'un siècle au Musée d'ethnographie.
Jeudi, la seconde partie de la visite d'Etat sera consacrée à l’économie et à la formation professionnelle. La présidente de la Confédération et le président sud-africain visiteront ensemble une usine en Suisse orientale et une école professionnelle.