La Suisse est au cœur de tensions diplomatiques croissantes. D’un côté, les Etats-Unis viennent d'imposer de lourds droits de douane; de l’autre, l’accord avec l’Union européenne est fragilisé. Longtemps, la politique étrangère suisse s’est appuyée sur l’idée d’être entourée de partenaires fiables – une conviction qui vacille aujourd’hui.
Un signe révélateur de ce changement? Les postes d’ambassadeurs à Berne. Les représentants des Etats-Unis, de l’UE et de l’Allemagne ont récemment été remplacés. Bien que ce roulement soit courant – les ambassadeurs étant généralement remplacés tous les quatre ans –, certains retards, notamment du côté américain, ont été remarqués.
Une catholique américaine convaincue
A l’ambassade des Etats-Unis en Suisse, Scott Miller a quitté son poste après l’élection de Donald Trump. Le président américain a alors désigné Callista L. Gingrich pour lui succéder, une catholique engagée issue du courant conservateur, qui avait déjà représenté les Etats-Unis auprès du Vatican lors du premier mandat de Trump. Sa nomination doit encore être validée par le Sénat américain.
En mai, Callista Gingrich a été entendue par la commission compétente et attend désormais la confirmation officielle de sa nomination. En attendant, c’est Bradford Bell qui assure la direction de l’ambassade, a précisé la mission diplomatique à Blick.
Le diplomate peu diplomate est parti
L’ambassade d’Allemagne est aussi actuellement sans ambassadeur, suite au départ à la retraite de Michael Flügger après cinq années en poste. Connu pour son franc-parler et ses critiques ouvertes, notamment sur la neutralité suisse qu’il jugeait «dépassée», il a néanmoins joué un rôle clé dans le rapprochement entre la Suisse et l’Union européenne – un sujet qui lui tenait d’autant plus à cœur qu’il est marié à une Suissesse.
Les Allemands ne révèlent pas encore qui lui succédera. Le pays d'accueil – la Suisse donc – doit d'abord être informé.
Deux Allemands à Berne
Mais une chose est certaine: il y aura bientôt deux ambassadeurs allemands en poste à Berne. Petros Mavromichalis s'apprête à quitter l’ambassade de l’Union européenne, près de la gare centrale, à la fin août, après avoir prolongé son mandat d’un an en lien avec les négociations sur l’accord avec l’UE. Il sera remplacé par l’Allemand Andreas Künne, actuellement ambassadeur en République tchèque, et auparavant en poste notamment en Afrique du Sud et à la chancellerie fédérale allemande, où il s’est spécialisé dans les questions de sécurité et les affaires multilatérales.
Andreas Künne occupera l'un des postes d'ambassadeur les plus passionnants en Suisse. Dans les mois à venir, il devrait être occupé par l'accord avec l'UE, sur lequel le Parlement puis le peuple devront se prononcer.
Le fait que certaines ambassades soient actuellement sans chef ne dérange toutefois pas le département suisse des Affaires étrangères. «Même s'il n'y a pas d'ambassadeur ou d'ambassadrice sur place, les ambassades concernées restent pleinement fonctionnelles», écrit le département des affaires étrangères. «Les échanges diplomatiques se poursuivent normalement.»