Le bras de fer autour de l’AVS se poursuit. Cette fois, ce sont les rentes de veuve qui sont dans le collimateur à Berne. En effet, le Conseil fédéral veut supprimer les rentes de veuve à vie. A l’avenir, les veufs et veuves ne recevraient une rente de survivant que jusqu’aux 25 ans de leur plus jeune enfant. Seules les personnes âgées de plus de 55 ans conserveraient leur rente à vie.
Mais la proposition du Conseil fédéral suscite des critiques à gauche comme à droite. La gauche dénonce un «coup de rabot sur les rentes de veuve». L’Union démocratique du centre (UDC) n’accepte cette suppression qu’en échange d’une hausse des rentes AVS des couples. Quant au Centre, il pousse une initiative populaire pour supprimer totalement le plafonnement des rentes de couple, aujourd’hui limité à 150% d’une rente individuelle.
La commission sociale du Conseil national tente désormais d’intégrer ces deux dossiers dans un contre-projet indirect. Objectif: freiner l’initiative du Centre, qui alourdirait l’AVS d’environ 4 milliards de francs supplémentaires par an. La situation s'avère complexe. Des dizaines de propositions ont été déposées et l’administration a dû procéder à de nouveaux calculs à plusieurs reprises. La décision définitive a ainsi été reportée encore et encore.
Un élu PLR veut une réforme plus sociale
Les choses commencent toutefois à bouger. Le conseiller national Parti libéral-radical (PLR) Andri Silberschmidt cherche un compromis et tend la main à la gauche. «Le projet a plus de chances d’aboutir s’il est plus social que la proposition du Conseil fédéral», explique le Zurichois à Blick.
Il a donc déposé une nouvelle proposition. «Les veuves et veufs avec enfants doivent conserver les droits acquis», estime-t-il. Un parent déjà veuf aujourd’hui continuerait ainsi de toucher sa rente à vie, quel que soit son âge. «Il serait injuste que quelqu’un soit désavantagé après coup, alors qu’il a élevé trois enfants et renoncé à un emploi.»
Vers un compromis
Une fois la réforme adoptée, il soutient l’idée du Conseil fédéral: la rente serait versée jusqu’aux 25 ans du plus jeune enfant, et les veuves sans enfant n’y auraient plus droit, après une période transitoire. Andri Silberschmidt espère rallier une majorité à ce compromis. «Les nouveaux veufs auront le temps de s’adapter aux nouvelles règles et de retrouver un emploi.» Sa proposition pourrait ainsi jeter les bases d’un accord.
Pour l’instant, la gauche reste prudente. «Je ne prends pas position sur les différentes propositions à ce stade», déclare Mattea Meyer, coprésidente du Parti socialiste (PS).
Augmenter progressivement les rentes de couple
Concernant le plafond des rentes AVS des couples mariés, Andri Silberschmidt reprend une idée du conseiller national vert’libéral Patrick Hässig. Celui-ci propose une suppression graduelle. «Une suppression immédiate du plafond, comme le demandent le Centre ou même le PS dans une motion, ne serait pas équitable pour les actifs et les plus jeunes», explique-t-il.
En y allant progressivement, Patrick Hässig, souhaite supprimer le plafond totalement d'ici dix ans. En contrepartie, le supplément pour veufs – actuellement de 20% – serait, lui aussi, réduit progressivement à zéro. Ce changement ne concernerait toutefois que les futurs retraités. Les actuels conserveraient leurs droits. «Ce serait équitable entre les générations et quasiment neutre en termes de coûts», assure-t-il. Il espère rallier l’UDC et le PLR à son approche.
L’épreuve de force aura lieu lors de la prochaine séance de la commission, fin août. On ignore encore quel modèle finira par s’imposer, ni si les rentes de veuve et de couple seront traitées ensemble ou séparément. Mais Andri Silberschmidt se dit confiant: «Nous ne pouvons pas nous permettre de faire échouer la réforme.»