Le chef de l'armement tire la sonnette d'alarme
«La Suisse se croit encore dans le monde d'Heidi!»

Le chef d'Armasuisse Urs Loher nous prévient: la Suisse est à la merci d'une menace géopolitique. Il demande de la détermination et plus d'argent pour l'armée afin de suivre le rythme des autres pays.
Publié: 06:00 heures
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Le chef d'Armasuisse, Urs Loher, ne mâche pas ses mots.
Photo: Keystone
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Sven Altermatt

Le feuilleton budgétaire continue au Palais fédéral. Après le Conseil national, c'est au Conseil des Etats de décider d'allouer plus d'argent à l'armée. Mais de combien le budget militaire doit-il être augmenté?

Au milieu des débats, le chef de l'armement a pris la parole et n'a pas mâché ses mots. Selon Urs Loher, la Suisse est en train de dormir face aux menaces géopolitiques. Depuis plus d'un an, il est à la tête de l'Office fédéral de l'armement (Armasuisse). D'après lui, «la Suisse se croit encore dans le monde d'Heidi». Il reconnait qu'«il y a eu un bref sursaut en 2022, lorsque la Russie a attaqué l'Ukraine», déclare-t-il à la «NZZ». Avant de nuancer: «Nous nous sommes ensuite retournés dans notre lit et avons continué à rêver».

La Suisse se fait-elle distancer?

Le message d'Urs Loher est clair: si la Suisse ne se réveille pas, sa politique de sécurité pourrait être à la traîne, par rapport à d'autres Etats. La Pologne et la Lettonie par exemple, sont convaincues que la Russie pourrait étendre sa guerre au-delà de l'Ukraine d'ici 2027, et l'Allemagne prévoit la même chose pour 2028. De manière générale, beaucoup de pays européens pensent «qu'il faut rapidement faire avancer nos capacités de défense et de dissuasion».

Dans son interview accordée à la «NZZ», le chef d'Armasuisse met aussi les politiciens face à leurs responsabilités: «Nous ne pouvons pas suivre le rythme sans les moyens financiers qui vont avec». Mais même après plus de 1000 jours de guerre, la Suisse tergiverse encore sur le montant à allouer à l'armée ou sur les règles d'exportation du matériel de guerre.

Marqués par la guerre en Ukraine, les conservateurs au Parlement veulent augmenter le budget de l'armée plus que ne le prévoit le Conseil fédéral. Mais le camp adverse affirme que l'armée ne même pas quoi faire de cet argent. Urs Loher dément ces critiques et affirme que les projets ne manquent pas. «Il y a suffisamment de projets que l'on peut acquérir en très peu de temps». En octobre passé, Blick avait déjà révélé la liste d'achats militaires de la Confédération.

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