Un morceau d'histoire de l'entreprise suisse retrouve un nouvel élan. La fabrique de chaussures zurichoise Elgg, plus ancienne marque de chaussures du pays, a changé de mains. Kybun Joya, l'entreprise de chaussures de l'ex-Mister Suisse Claudio Minder et de Karl Müller, a repris la marque culte, ont annoncé mardi les dirigeants.
Cette entreprise traditionnelle de la commune d'Elgg, près de Winterthour, est surtout connue de ceux qui ont servi dans l'armée. Elle a fabriqué la célèbre botte de combat 90, utilisée par l'armée suisse jusqu'en 2020. «Maintenant, Elgg doit à nouveau produire des bottes pour l'armée suisse», indique Kybun Joya. Dès l'an prochain, l'entreprise de Suisse orientale veut présenter les premiers prototypes d'une botte de combat nouvellement développée.
Commencer avec les bottes pour femmes
Et les nouveaux patrons se font déjà remarquer, car Kybun Joya commencera par produire des bottes de combat pour femmes. La société souhaite ensuite augmenter progressivement ses capacités en Suisse afin de fabriquer davantage de modèles pour hommes. «Les soldats suisses méritent des chaussures suisses», affirme le co-CEO Müller.
L'actuelle botte de combat 19 de l'armée suisse provient de plusieurs fabricants, dont l'entreprise suisse Minerva à Porrentruy (JU). Mais la majorité des chaussures militaires est aujourd'hui fabriquée à l'étranger, notamment en Roumanie.
Production arrêtée en Suisse en 2002
Les racines d'Elgg remontent au milieu du 19e siècle. En 1847, la première usine de chaussures du pays a été fondée à Winterthour (ZH), donnant naissance à la marque Elgg. Quatre ans plus tard, Bally lançait sa production à Schönenwerd (SO). «Elgg est un héritage culturel de l'industrie suisse de la chaussure. Nous sommes fiers de faire entrer cette marque dans une nouvelle ère», déclare le codirecteur Claudio Minder.
La Première Guerre mondiale a particulièrement favorisé l'essor du fabricant grâce à la forte demande en chaussures militaires. Dès les années 1970, cependant, la pression sur les prix imposée par les pays à bas salaires a fragilisé l'entreprise zurichoise. Jusqu'au tournant du millénaire, Elgg a toutefois conservé sa réputation de producteur majeur de bottes militaires de haute qualité. Une centaine d'employés fabriquaient jusqu'à 500 paires par jour.
Mais en 2002, tout s'arrête: l'entreprise cesse de produire à Elgg. La marque subsiste, mais reste dans l'ombre – jusqu'à aujourd'hui. Désormais, elle doit reprendre vie sous la direction du groupe de Suisse orientale.