Après le choc, un accord reste possible
La Suisse peut-elle apprendre de l'UE?

À partir du 7 août, la Suisse pourrait se voir imposer de lourds droits de douane par les Etats-Unis. L’UE, confrontée à une menace similaire, a réussi à désamorcer le conflit grâce à un accord conclu avec Trump. La Suisse parviendra-t-elle à éviter l’escalade?
Publié: 10:38 heures
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Dernière mise à jour: 10:43 heures
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Ursula von der Leyen a conclu un accord pour l'UE avec le président américain Donald Trump.
Photo: IMAGO/ZUMA Press Wire
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Sven Altermatt et Tobias Bruggmann

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sait très bien ce que Karin Keller-Sutter a ressenti lorsqu’elle a raccroché le téléphone après son appel infructueux avec Trump. On le sait depuis le 31 juillet, aucun accord commercial avec les Etats-Unis n'a été trouvé. Au lieu de ça, c'est la douche froide: à partir du 7 août, des droits de douane de 39% s’appliqueront aux produits suisses.

L’Union européenne a vécu une situation similaire. Le 11 juillet, Trump publiait une lettre adressée à la présidente de la Commission et y mentionnant des tarifs à hauteur de 30%. Deux semaines plus tard, la situation s’est toutefois améliorée pour l’UE. Elle a réussi à conclure un accord, et les droits de douane ne s'élèvent plus qu'à la moitié de ce qui était initialement prévu.

Un accord reste possible

Que peut apprendre la Berne fédérale de la présidente de la Commission européenne? Les nouveaux droits de douane n'entreront en vigueur qu’à partir du 7 août. Les diplomates bernois disposent donc de quelques jours pour parvenir à un accord, un accord qui reste envisageable; c'est du moins ce qu'a affirmé le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, en amont.

La situation est relativement similaire. Von der Leyen a, elle aussi, regretté la situation. Elle a toutefois souhaité poursuivre les négociations. En parallèle, la Commission européenne préparait des mesures de rétorsion. 

Finalement, c’est l’un des sports favoris de Trump qui a débloqué la situation. C’est à l’occasion de l’inauguration d’un terrain de golf – et seulement après avoir terminé une partie – qu’il a rencontré von der Leyen en Ecosse. La BBC a qualifié sa méthode de «tee-off avec Trump». Avec le président américain, les négociations ont l'air d'avancer plus concrètement sur un terrain de golf. 

C’est effectivement là qu’un accord a été conclu: 15% de droits de douane au lieu des 30% initialement brandis par l'administration Trump. Mais l’Union européenne doit mettre la main à la poche: elle s’engage à investir 600 milliards de dollars aux États-Unis, à acheter pour 750 milliards de dollars d’énergie américaine, et à supprimer presque entièrement ses droits de douane sur les produits américains.

Que peut offrir la Suisse?

Il est évident que la Suisse ne peut assumer de tels montants. D’après certaines sources, la Suisse aurait promis plusieurs milliards d’investissements lors des négociations. Elle n’impose également plus de droits de douane industriels depuis longtemps. Peut-être pourrait-elle tenter de séduire Trump avec les droits de douane agricoles – mais cela mettrait les agriculteurs suisses en colère.

Cependant, même au sein de l’UE, l’accord n’est pas encore gravé dans le marbre. En effet, de nombreuses promesses faites par von der Leyen relèvent des Etats membres. Keller-Sutter va tenter de décrocher un accord: «La Suisse a traversé bien des tempêtes. Il faut alors simplement se relever, continuer à travailler et chercher des solutions.» 

La présidente de la Confédération sait ce qu'encaisser des coups signifie. Pendant son temps libre, elle pratique la boxe. Devra-t-elle troquer les gants contre un club de golf pour décrocher sa prochaine victoire? 

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