Période charnière pour les ados
La recherche d'apprentissage stresse votre ado? Cet expert livre ses secrets

Stress, pression à la performance, réseaux sociaux… La recherche d’apprentissage est devenue un véritable parcours du combattant pour de nombreux jeunes. Comment traverser cette période sans craquer? Un expert décrypte cette tendance et livre ses conseils.
Publié: 06:37 heures
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Dernière mise à jour: 09:08 heures
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De nombreux apprentis entrent dans la vie professionnelle et des places d'apprentissage sont déjà mises au concours pour 2026.
Photo: Getty Images
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Jana Giger

La recherche d'apprentissage est souvent une phase stressante de la vie des jeunes: les meilleures places sont limitées et nombre d'entre eux n'obtiennent pas l'apprentissage qui les intéressait. Gregor Loser coache des jeunes en apprentissage depuis près de 20 ans et sait comment gérer au mieux cette période. Il explique comment s'y préparer et comment les parents peuvent accompagner leurs enfants.

Monsieur Loser, vous travaillez depuis 2006 avec des jeunes en transition entre l'école et l'apprentissage. Qu'est-ce qui a changé depuis vos débuts?
J'accompagne surtout des jeunes en 2e année secondaire, c'est-à-dire des jeunes de 14 à 15 ans. Beaucoup d'entre eux semblent plus stressés, parfois même moins joyeux qu'avant, et ils ont plus de mal à se concentrer. Quand on voit en plus que, selon l'Unicef, près d'un tiers des jeunes sont confrontés à un stress psychique, cela n'est malheureusement pas surprenant.

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Aujourd'hui, les entreprises formatrices investissent beaucoup plus dans l'accompagnement des apprentis
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Y a-t-il eu aussi des évolutions positives?
Oui, je constate que des thématiques comme la pleine conscience, la méditation ou la respiration, qui faisaient encore sourire il y a quelques années, comptent beaucoup aujourd'hui. L'environnement s'est aussi professionnalisé. Aujourd'hui, les entreprises formatrices investissent beaucoup plus dans l'accompagnement des apprentis. Je trouve cela formidable.

Comment expliquez-vous la pression accrue à la performance?
L'influence des smartphones et des réseaux sociaux est énorme et représente une charge mentale importante pour de nombreux jeunes. Les jeunes sont aujourd'hui soumis à une pression constante pour obtenir le plus tôt possible une bonne place d'apprentissage et se présenter sous leur meilleur jour.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes pour utiliser les réseaux sociaux?
Ils peuvent être très énergivores, mais aussi ouvrir des portes. La question est de savoir comment s'en servir. Au lieu de se laisser abreuver de vidéos pendant des heures, les jeunes pourraient par exemple créer un profil Instagram pour montrer leurs hobbies ou leurs points forts. C'est une super possibilité de se mettre en avant de manière positive dans les candidatures. Car beaucoup ne sont pas conscients que les entreprises se renseignent sur les réseaux sociaux.

Pour de nombreux jeunes, c'est un défi de s'adapter à une nouvelle équipe avec des âges et des personnalités différents.
Photo: Shutterstock

Quels sont les plus grands défis au début d'un apprentissage?
Je vois quatre défis principaux. En premier lieu: la pression à la performance. De nombreux jeunes ont du mal à gérer les attentes ou les retours critiques. Pendant leur apprentissage, ils doivent prendre des responsabilités et des décisions, ce qui est très différent du milieu scolaire. Le deuxième défi est la persévérance. Au début de l'apprentissage, beaucoup de jeunes sont motivés, mais dès que la routine s'installe, cette motivation s'effondre souvent. Reconnaître qu'il y a aussi des phases de monotonie dans chaque métier est un processus d'apprentissage. Le troisième défi concerne les compétences sociales. A l'école, les jeunes côtoyaient des ados de leur âge, qu'ils connaissaient parfois depuis le jardin d'enfants. Pendant leur apprentissage, ils doivent s'intégrer dans une nouvelle équipe avec des personnes de tout âge et des personnalités différentes.

Et le quatrième défi?
C'est l'organisation, beaucoup de jeunes ont du mal à respecter les délais, à planifier les tâches et à se fixer un rappel. Ce n'est pas parce qu'ils sont constamment sur leur téléphone portable qu'ils sont compétents en matière de numérique.

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L'essentiel est de se créer une structure si l'on ne veut rien oublier
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Quels conseils donnez-vous aux jeunes pour être mieux organisés?
Tout d'abord, ils doivent se demander ce qu'ils préfèrent: le numérique ou l'analogique? Ensuite, je leur conseille de chercher un système qui leur convient. Ceux qui ont des facilités dans le numérique peuvent utiliser des applications comme Microsoft To Do, et ceux qui préfèrent travailler de manière analogique peuvent utiliser des blocs-notes, des tableaux visuels ou des semainiers. On travaille alors avec des aimants ou des codes couleur, ce qui rend l'organisation plus tangible. Pour certains, une affiche motivante sur la porte de la chambre peut servir de rappel quotidien de leurs objectifs et leurs tâches. Ce système peut sembler banal, mais il fonctionne. L'essentiel est de se créer une structure pour ne rien oublier. C'est souvent une expérience ahurissante pour les jeunes.

Quelles sont les aptitudes les plus importantes pour un début d'apprentissage réussi?
La responsabilité personnelle, la capacité à communiquer, la motivation et la conscience de ses propres points forts. Lorsqu'ils connaissent leurs atouts, ils développent une confiance en eux qui les fait automatiquement rayonner. Les hobbies ou l'engagement dans une association sont aussi précieux, ils permettent aux jeunes de développer leur esprit d'équipe ou leur sens des responsabilités.

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Lorsqu'ils connaissent leurs atouts, ils développent une confiance en eux qui les fait automatiquement rayonner
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Comment les parents peuvent-ils accompagner leurs enfants au mieux lors de leur entrée dans la vie professionnelle?
Je comprends que la pression sociale soit énorme, mais elle se répercute sur les enfants et c'est un vrai problème. Les parents devraient être plus sereins et accompagner leurs enfants plutôt que de les contrôler. Cela signifie rester présent, montrer de l'intérêt, encourager et valoriser les petits progrès. Je leur recommande de fixer de vrais rendez-vous avec les enfants pour parler de l'apprentissage, plutôt que de les assaillir de questions entre deux portes. Les jeunes doivent pouvoir prendre leurs propres décisions et apprendre de leurs erreurs. Les parents peuvent renforcer les compétences telles que l'amabilité, la fiabilité et la capacité de communication en montrant l'exemple.

Que faire lorsqu'un jeune n'est pas encore prêt pour un apprentissage ou n'a pas encore trouvé de place?
Dans ce cas, commencer une année plus tôt ou plus tard n'a pas d'importance. Le plus important, c'est d'avoir un plan. Les séjours linguistiques sont des opportunités formidables pour organiser une année de césure et enlèvent énormément de pression. J'ai vu des jeunes qui, après une année de césure, se sont lancés dans l'apprentissage avec beaucoup de confiance et de clarté.

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