Au risque de se diviser...
Un nouveau parti devrait soutenir l'accord entre la Suisse et l'UE

Après l’UDC et le PLR, le Centre doit bientôt prendre position sur les accords avec l’UE. Le parti devrait rejoindre le camp du «oui», tout en exigeant certains ajustements. Mais la question cruciale de la double majorité lors de la votation reste ouverte.
Publié: 11:11 heures
Partager
Écouter
1/7
Le Centre, sous la houlette de son président Philipp Matthias Bregy, devrait se ranger derrière les traités européens.
Photo: keystone-sda.ch
RMS_Portrait_AUTOR_1047.JPG
Ruedi Studer

Les positions se précisent autour du futur accord avec l’Union européenne (UE). Sans surprise, l’Union démocratique du centre rejette fermement le projet, qu'elle qualifie de «traité de soumission», tandis que le PLR s’est prononcé de manière étonnamment claire en faveur du paquet d’accords. Jeudi 23 octobre, ce sera au tour de la direction du Centre – réunie autour du président du parti Philipp Matthias Bregy – de trancher. La décision officielle sera communiquée mercredi prochain.

Selon les informations recueillies par Blick auprès de différents membres du parti, le résultat semble d'ores et déjà clair: le Centre soutiendra globalement les Bilatérales III. Mais il compte réclamer des ajustements sur certains points sensibles, notamment la clause de sauvegarde et la protection des salaires.

En revanche, le parti refuse pour l'heure de prendre position sur le sujet sensible de la double-majorité lors de la votation à venir. Le peuple décidera-t-il seul du destin de l'accord avec l'UE? Ou faudra-t-il également une majorité des cantons pour que le projet puisse passer la rampe? Pour l'heure, Le Centre ne répond pas et se contente de temporiser.

Une position qui rappelle celle du PLR

La situation du Centre n'est pas sans rappeler celle du PLR: une majorité favorable à l'accord doit affronter une opposition interne, certes minoritaire, mais convaincue. D’après un sondage récent de l’institut gfs.bern, 72% des sympathisants du parti soutiennent les Bilatérales III, tandis qu’un peu moins d’un quart s’y oppose.

Le PLR a tranché la question à l’issue d'un long et douloureux processus interne. Le Centre a, lui, opté pour une autre approche: après les travaux préparatoires d’un groupe de travail, c’est la direction qui décidera de la position finale du parti, clôturant ainsi la phase de consultation. Le projet sera vraisemblablement accepté par la tête du parti. En coulisses, on estime d’ailleurs que ce nouveau paquet est nettement meilleur que l’accord-cadre avorté de 2021.

Une figure du parti en soutien

Pour la conseillère nationale du Centre Elisabeth Schneider-Schneiter, dire «oui» à l’accord avec l’Union européenne serait une décision cohérente. «Le Centre a toujours soutenu la voie bilatérale», affirme-t-elle à Blick. «Avec ce nouveau paquet, nous poursuivons cette voie et posons les bases d’une relation durable avec l’UE.»

Elle estime toutefois que renégocier avec Bruxelles relève de l’illusion. Selon elle, l’effort doit désormais porter sur la mise en œuvre du paquet à l'interne, soit en Suisse. «Les accords offrent une marge de manœuvre que l’on peut exploiter davantage que ne le propose actuellement le Conseil fédéral. C’est là-dessus qu’il faut agir», plaide-t-elle.

La députée appelle aussi à renforcer le rôle du Parlement et des Cantons dans les futurs processus d'intégration et de mise en œuvre du droit européen. «Les élus doivent être associés plus tôt au processus décisionnel. Il faut davantage de participation», insiste Elisabeth Schneider-Schneiter.

Une opposition sous-évaluée?

Le conseiller aux Etats zougois Peter Hegglin se montre, lui, beaucoup plus sceptique. «Le paquet comporte des avantages et des inconvénients, qu’il faut maintenant peser soigneusement», déclare-t-il. A ses yeux, les faiblesses institutionnelles l’emportent. «Dans l’état actuel, je serais plutôt défavorable à l’accord.»

Il estime par ailleurs que l'opposition à la base du parti est plus forte que ne le laissent entendre les sondages: pour lui, le ratio s'établit plutôt à 55% de oui contre 45% de non. «Dans les cantons ruraux, notre électorat penche vers le non, dans les zones urbaines vers le oui», assure-t-il

Malgré cela, Peter Hegglin ne craint pas les divisions internes. «La politique traverse toujours des tempêtes, mais ce n’est pas cela qui nous fera éclater», conclut-il.

La majorité des cantons, question brûlante

Mais Le Centre saura-t-il trouver un compromis sur la question brûlante de la majorité des cantons lors de la votation? La tâche s'annonce ardue, au vu des divergences qui animent le parti en interne. A titre d'exemple, Peter Hegglin est fermement attaché à la double majorité, tandis qu’Elisabeth Schneider-Schneiter s’y oppose tout aussi clairement.

La question devrait-être éludée lors de la phase de consultation. La décision finale reviendra sans doute au groupe parlementaire. Le choix du PLR, qui s’est déjà prononcé contre la double majorité, pourrait d’ailleurs influencer le Centre dans la même direction.

Mais pour Elisabeth Schneider-Schneiter, rien ne presse: «Il n’y a aucune urgence à trancher cette question dès maintenant. Attendons de voir quelle sera la position des Cantons, cela pourrait nous donner une indication précieuse.»

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus