En décembre encore, le nouvel accord européen était un «no-go» pour le patron des syndicats Pierre-Yves Maillard, du Parti socialiste. La protection des salaires était alors, comme lors des négociations précédentes, le problème central. Entre-temps, les partenaires se sont réunis et ont trouvé un compromis dont les syndicats semblent satisfaits.
En tant qu'économiste en chef, Daniel Lampart est pour ainsi dire le maître à penser de l'Union syndicale suisse (USS). Dans le «Tagesgespräch» («Entretien du jour» en français) de la SRF, il déclare que «si les mesures de protection salariale sont maintenues, nous ne nous contenterons pas de dire oui, mais nous nous engagerons activement en leur faveur. Oui, nous nous battrons pour cela». Est-ce la preuve d'un soudain changement d'opinion?
Les syndicats ont fait capoter l'accord-cadre
Pour le Conseil fédéral, il est difficile d'obtenir la majorité pour l'accord de l'UE si une bonne moitié des partis, des cantons, des associations économiques et des syndicats ne soutiennent pas cet accord. Le Conseil fédéral en avait fait les frais lors des dernières négociations, celles-ci ayant finalement échoué en raison du manque de soutien.
A l'été 2018, lorsque le conseiller fédéral Ignazio Cassis a voulu assouplir la protection générale des salaires, les syndicats ont rejeté l'accord-cadre. Daniel Lampart avait également levé son bouclier lors des renégociations qui ont suivi. «On ne peut pas accepter un accord sans protection salariale indépendante», avait-t-il expliqué, en 2021.
Soutien sous conditions
Comme les syndicats ont pu cette fois-ci se mettre d'accord et que la protection des salaires est manifestement suffisamment garantie de leur point de vue, les voyants semblent être au vert. Le fait que l'USS laisse entendre qu'elle soutienne clairement le paquet de l'UE illustre un changement d'opinion radical.
Pour Daniel Lampart, ce changement est toutefois logique: «Nous avons toujours dit que les salaires des gens étaient un élément non-négociable. Mais oui, nous avons changé d'avis parce que de nombreux problèmes ont été résolus», a-t-il dit à la SRF.
Interrogé par Blick, le porte-parole de l'USS, Urban Hodel, souligne qu'il faut nuancer ces propos. Il n'y aura un oui «qu'à condition que le Parlement approuve le paquet de protection salariale du Conseil fédéral». «L'USS ne pourra donner un mot d'ordre définitif que lorsque le processus parlementaire sera terminé», poursuit-il.
Le soutien «actif» annoncé par Daniel Lampart – les syndicats «se battront» – est donc plutôt une promesse de «oui, mais». Ils se laissent une porte de sortie. De plus, leur accord porte sur le paquet dit de stabilisation avec les mesures de protection salariale. Car il est d'ores et déjà clair qu'ils rejettent la libéralisation du marché de l'électricité et donc aussi l'accord sur l'électricité. Ce dernier fera toutefois l'objet d'un vote séparé.