Ils courent, rient, s’échauffent. Mercredi à Zurich, la tension monte doucement au bord du terrain. Pascal Zuberbühler observe, sourire aux lèvres. «Regarde-les. Ils sont passionnés. C’est pour ça qu’on fait ça.» L’ancien gardien de la Nati ne cache pas sa fierté. Il pilote la première édition des FIFA Youth Series, tournoi amical réservé aux moins de 16 ans, organisé à l’occasion de la Semaine mondiale du football. Huit équipes prennent part à la compétition: Suisse, Tunisie, Nouvelle-Zélande, Guatemala, Malaisie et Paraguay. Ce jour-là, la Malaisie affronte le Guatemala pour la cinquième place. L’enjeu est modeste. Pas l’ambition.
«Quand j'avais leur âge, c'était complètement différent. Nous n'avions pas la possibilité de jouer de tels tournois ou encore de jouer des Coupes du monde», poursuit l'ancien gardien emblématique de l'équipe de Suisse (51 sélections entre 1994 et 2008), aujourd'hui responsable du Groupe d’Étude Technique pendant les tournois de la FIFA.
«À la FIFA, nous devons et voulons aider»
«Ici, à la FIFA, nous devons et voulons aider. Rendre le football plus global et tout faire pour le développement des jeunes», appuie encore Pascal Zuberbühler. Les différents coachs présents et leurs assistants ne sont pas oubliés. Ces derniers ont pu discuter et échanger avec Arsène Wenger, mythique entraîneur d'Arsenal (1996-2018), durant leur séjour suisse. «Il a pu leur donner des conseils sur la manière de développer les jeunes joueurs. Le coaching est d'après moi encore plus important qu'il y a 20 ans. C'est intéressant de voir comment se comportent désormais les jeunes joueurs. Ce sont pratiquement déjà des adultes», ajoute l'ex-international suisse pour qui l'apprentissage en dehors des terrains est tout aussi important.
«On a organisé des ateliers éducatifs lors desquels on a abordé certains sujets comme le racisme, qui est très important. Il n'y a pas que le tournoi qui compte, mais tout ce qu'il y a autour, dans les structures.» Elkhan Mammadov, responsable des associations membres de la FIFA, ajoute: «L'éducation est également très importante pour nous. Le football doit pouvoir amener des choses positives partout dans le monde.»
Arsène Wenger comme observateur avisé
Sur le terrain, l'arbitre siffle la pause. Si la Malaisie domine la rencontre, le Guatemala se défend bien et les deux équipes retournent au vestiaire sur le score de 0-0. «C'est le troisième jour de compétition, l'intensité a chuté. Mais cela permet de voir les habilités techniques des joueurs», se réjouit Arsène Wenger, directeur du développement mondial du football à la FIFA, que Blick a eu l'occasion de rencontrer au bord du terrain.
«Chez les jeunes, ceux qui sont bons le troisième jour, ils sont vraiment bons», sourit l'Alsacien, ravi lui aussi de pouvoir accueillir ces footballeurs issus des quatre coins du monde. «Sur l'ensemble, c'est très intéressant. On voit que cela travaille dans le monde entier. Ce sont des joueurs de 2009 et le niveau entre les équipes est très homogène. Mais comme souvent à cet âge-là, le score ne reflète pas la physionomie du match. Parfois un but tombe un peu de nulle part. Les joueurs ne sont pas encore assez matures pour ne pas faire de grosses erreurs. Mais je suis globalement très content parce que cela montre qu'il y a partout une prise de conscience de la nécessité de développer des jeunes. De les faire débuter tôt.»
La FIFA veut aller plus loin que son rôle initial
Par la mise sur pied de ce tournoi amical, la FIFA répond aussi à un besoin bien réel pour certains pays qui ne disposent pas de championnats nationaux de moins de 16 ans. «Ces tournois sont indispensables, poursuit Arsène Wenger. Ils permettent d'apprendre, de perdre des complexes d'infériorité éventuels. Ils prennent confiance en eux et conscience de leurs valeurs à travers les matches. Pareil pour les entraîneurs.»
Autrefois uniquement organisatrice de tournois et garante des règles du football, la fédération veut donc en faire plus pour le monde du ballon rond. Bien plus. «Aujourd'hui, elle se trouve dans une mission éducative. Elle prend forme un peu partout et je trouve que c'est une belle responsabilité. Cela doit être poursuivi et accentué. Notre degré de développement se trouve sur trois niveaux: trouve le talent, forme-le et permets-lui de jouer. Parfois, ils sont dans les petits villages et pas forcément à la Bahnhofstrasse», rigole l'ancien entraîneur à succès d'Arsenal, heureux des retours positifs des acteurs de la compétition.
«Ils n'oublieront jamais ce séjour»
«Ils sont comblés. On ne sait pas qui va faire une carrière parmi ces jeunes. C'est une expérience unique dans leur vie. Qu'ils deviennent professionnels ou non. Certains entraîneurs me disent que c'est la première fois que certains joueurs prennent l'avion, qu'ils sortent de leur pays. Ils n'oublieront jamais ce séjour.»
À l'avenir, la FIFA souhaiterait pouvoir organiser plusieurs tournois comme celui-ci chaque année, dans plusieurs endroits du monde. La FIFA pourrait également prévoir un tournoi féminin cet automne, à son siège zurichois.