Jasmin Liechti est assise dans la cour du château de Burgdorf et montre du doigt le pont-levis à l’entrée de la bâtisse. «Un peu plus bas, j’ai travaillé comme serveuse dans une pizzeria. Si elle n’avait pas fermé, je pense que j’y travaillerais encore de temps en temps», raconte la jeune femme de 22 ans. Et une question vient naturellement à l’esprit: comment ferait-elle?
Car Liechti n’est pas seulement l’un des plus grands espoirs du cyclisme suisse: elle poursuit aussi des études en gestion d’entreprise. Où trouve-t-elle le temps? «C’est bien d’avoir autre chose que le vélo dans la vie», répond-elle, pragmatique.
Simone Niggli-Luder comme modèle
Elle est encore jeune, mais déjà bien ancrée dans le réel. Elle vit avec ses parents et ses deux frères et sœurs en périphérie de Burgdorf. «Et avec Viva», ajoute-t-elle. Viva? C’est le labradoodle de neuf ans qui lui sert de dose d’énergie quand elle est à la maison. «Enfant comme ado, je n’ai jamais pensé devenir cycliste. C’est venu tout seul», confie-t-elle.
Dans sa chambre, pas de poster de Chris Froome, Marianne Vos ou Peter Sagan. Mais un seul, celui de Simone Niggli-Luder (47 ans), 23 fois championne du monde de course d’orientation et originaire, elle aussi, de Burgdorf. Un vrai modèle pour Liechti, qui a longtemps pratiqué cette discipline. «Mais au bout d’un moment, ça ne me suffisait plus. Et le Covid a mis pas mal de choses à l’arrêt. Je me suis donc mise au vélo.»
Le coup de foudre
Elle pousse alors la porte du RV Ersigen, le club de Marlen Reusser (33 ans), et réalise vite qu'elle a «de la puissance dans les jambes». Le contre-la-montre l’attire immédiatement, mais il lui manque encore un vélo adaptée. «Jusqu’à ce que je tombe sur une annonce sur Tutti: un vélo d’occasion à 6000 francs. La moitié du prix du neuf. C’est pour ça que j’économisais depuis des années.» Aussitôt dit, aussitôt fait: elle l’achète, et réalise un rêve.
Alors que beaucoup mettent des mois, voire des années à se sentir à l’aise sur un vélo de contre-la-montre, Liechti, elle, a un déclic immédiat. En 2022, dès sa deuxième course – les championnats de Suisse – elle monte sur le podium des moins de 23 ans en décrochant la troisième place. Et l’an dernier, aux Mondiaux à domicile à Zurich, elle décroche l’argent dans la même catégorie. «C’est là que j’ai vraiment compris que j’étais sur la bonne voie», explique-t-elle.
Sur le Tour de Suisse, Liechti figure parmi les leaders de l’équipe suisse Nexetis. «Je suis prête, mais j’ai du respect pour les gros dénivelés», reconnaît-elle. Il n’y a pas de contre-la-montre au programme. «Dommage, peut-être l’an prochain», sourit-elle. Avant d’ajouter, fidèle à elle-même : «Je reste détendue».