Le décès de la légende du biathlon Laura Dahlmeier, âgée de 31 ans, a bouleversé de nombreuses personnes. L’Allemande a été mortellement blessée lundi après avoir été emportée par une chute de pierres au Laila Peak, dans la chaîne du Karakoram, au Pakistan. Sa partenaire de cordée, Marina Krauss, qui a tenté de la sauver, s’en est sortie indemne. Jeudi, lors d’une conférence de presse à Skardu, Marina Krauss et l’alpiniste chevronné Thomas Huber, accompagnés de l’équipe de secours, ont partagé leur vécu.
Mais cette prise de parole a suscité de nombreuses réactions déplacées. Thomas Huber, profondément touché, a réagi sur Instagram pour dénoncer le manque d'empathie d'une partie du public et livrer un témoignage bouleversant. «Nous venons de traverser une période très difficile», écrit-il. «Non, nous sommes encore en plein dedans. Ces moments nous rappellent qu’il n’existe aucune garantie dans la vie, même si l’on croit pouvoir tout sécuriser.»
Lors de la conférence de presse, les intervenants ont tenté de rester factuels, de mettre des mots sur l’indicible, tout en refoulant leurs émotions. «Beaucoup de commentaires qui ont suivi ont été irrespectueux», regrette Thomas Huber. «Vous n’avez aucune idée de ce que cela représente de raconter cette histoire face caméra. Fallait-il que nous pleurions?»
«Enfin le droit de pleurer»
L’alpiniste confie n’avoir eu jusqu’ici que peu de temps pour faire le deuil. Il a dû fonctionner en mode survie, garder la tête froide, rationnelle. «Ce sont des moments où chaque émotion doit être mise de côté et où seul l’esprit clair doit guider. Ce n’est qu’après avoir quitté la montagne que j’ai pu penser, lâcher prise, sourire à certains souvenirs avec Laura, avoir les larmes aux yeux, ne pas croire que tout cela est réel.»
Thomas Huber dit avoir été submergé par une «seconde vague» venue du public et des médias, incapable de respecter les limites. C’est pourquoi il se réjouit de pouvoir bientôt retourner en montagne, s’isoler et «enfin pleurer». Il espère surtout que Marina Krauss, témoin direct du drame, aura le temps et l’espace pour faire son deuil dignement. «Je suis certain que Laura aurait voulu qu’on retrouve enfin un peu de paix», conclut-il. Avant de lancer un dernier appel, simple et essentiel: «S’il vous plaît, faites preuve de respect.»