La France entière se réjouit de la victoire de Pauline Ferrand-Prévot sur le Tour. Même le président de la République Emmanuel Macron lui parle au téléphone en direct lors d'une interview télévisée. Le phénomène du cyclisme français réalise le grand coup dès sa première participation à l'épreuve, elle qui a conquis le Tour au cours de sa carrière sans précédent, après divers titres de championne du monde sur route, en cyclo-cross, en VTT et le triomphe olympique en 2024 à Paris.
Mais tout le monde ne se réjouit pas. En coulisses, on entend aussi des critiques sur l'apparence de Pauline Ferrand-Prévot. La gagnante du classement général est arrivée au Tour visiblement amaigrie, comme le montrent des comparaisons de photos prises fin avril lors de sa victoire à Paris-Roubaix et maintenant. La pépite s'est-elle affamée pour remporter les deux étapes de montagne difficiles et triompher en jaune? Sans s'adresser directement à Ferrand-Prévot, la cycliste française Cédrine Kerbaol a, elle aussi, dénoncé pendant le Tour la folie de la maigreur dans le peloton.
«Ne plus avoir ses règles, ce n'est pas normal»
Il ne faut pas se moquer des cures d'amaigrissement drastiques, a déclaré cette diététicienne de formation à «France Télévisions». «Ce qui se passe en ce moment n'est pas bon. Ne plus avoir de règles, ce n'est pas normal. Au-delà de la fertilité, cela a des conséquences sur la santé des os et il y a un risque très réel de blessures graves.»
Mathieu Muller, médecin de l'équipe Cofidis, a complété auprès de l'AFP sur le sujet: «Le manque de graisse corporelle entraîne un manque d'apport énergétique, ce qui conduit à l'absence de règles et par la suite à l'ostéoporose.» Donc à une diminution de la densité osseuse et donc à un risque accru de fractures en cas de chute. «Des problèmes digestifs, cutanés et psychiques peuvent également en être la conséquence», décrit le médecin de l'équipe.
La relève s'oriente vers les stars
La cycliste Cédrine Kerbaol, vainqueur d'une étape du Tour de France l'année dernière et championne de France du contre-la-montre, est loin d'être une inconnue. Elle s'inquiète surtout pour la relève. «Si des coureuses de très faible poids gagnent de grandes courses, les jeunes filles prendront indirectement exemple sur elles. Les futures sportives voient les stars actuelles très minces et pensent que c'est normal. Mais ce n'est pas normal d'avoir des os décalcifiés à 20 ans», souligne-t-elle.
Revenons à Pauline Ferrand-Prévot. Elle s'était préparée au Tour en mai et juin, isolée en altitude. «J'ai perdu quatre kilos pendant cette période. Mais plus n'est pas une option», assurait l'héroïne française du cyclisme avant le départ. Tout le monde dans le peloton ne la croit pas tout à fait.