«Je suis aussi basketteuse, hein?» Nadia Constantin éclate de rire lorsqu'on lui explique que le but de notre entretien est de parler de son travail à côté de son sport. Car c'est peut-être un cas unique dans cet Eurobasket: la Valaisanne ne vit pas du ballon orange, loin de là. Basketteuse le soir et les week-ends, la joueuse du BBC Troistorrents endosse son costume d'enseignante spécialisée la journée.
Sauf que pour en arriver là, celle qui habite à Sierre a dû traverser un parcours du combattant: «J'ai tout d'abord fait un bachelor en éducation sociale. Ensuite, j'ai travaillé dans un foyer, mais les horaires ne concordaient pas avec le basket – que je n'avais pas envie d'arrêter. Je n'ai pas fait long feu.» Avec un souhait de transmettre, elle s'est lancée dans des études en enseignement spécialisé.
Des journées interminables
Pour survivre, elle est obligée d'avoir un travail à côté. Commencent alors cinq années intenses: «Je me levais à 6h, me rendais à l'école jusque vers 17h. Puis je rentrais chez moi, je me changeais et je partais à l'entraînement qui était de 20h à 22h. À minuit, j'étais de retour à la maison, je me douchais, je mangeais et j'allais au lit vers 1h.» Tout ça sans compter les matches avec Troistorrents le week-end. «C'est vrai que le samedi, je faisais une nuit de quinze heures», rigole-t-elle.
À aucun moment Nadia Constantin n'a-t-elle pensé à s'enlever une épine du pied? «Oh si, tous les jours, s'exclame-t-elle. J'ai imaginé descendre mon taux de travail. Et chaque été, je me demande si je me relance dans une saison complète en basket. Mais tant qu'il y a du positif et que je prends du plaisir, je continue. J'ai besoin d'être stimulée, sinon je suis insupportable (rires).» Le sourire de son amie et capitaine Evita Herminjard, assise à côté d'elle, a l'air de confirmer tout cela.
«Mentalement, ça va mieux»
Après toutes ces années «hardcores», Nadia Constantin a décroché haut la main son diplôme. Même si sa vie reste mouvementée, elle s'est un poil calmée. «Je me lève toujours à 6h mais je termine plus tôt l'école, histoire de pouvoir faire une sieste ou me promener avant l'entraînement, détaille-t-elle. Et mentalement, je n'ai plus la pression des examens ou des travaux à rendre, donc ça va mieux.»
Au niveau basketball aussi, tout va pour le mieux pour la Valaisanne, qui s'est qualifiée avec la Suisse pour l'Eurobasket 2025. Sauf qu'avec un travail à côté, il a fallu faire des choix. «J'ai dû demander un congé non payé et j'ai dû régler pas mal de choses avant mon départ», précise celle qui enseigne à Nax et à Ayent. Il faut dire qu'avec la préparation qui a débuté fin mai, Nadia Constantin rate les trois dernières semaines de cours.
Une belle perte chaque jour
Heureusement, ses directions et l'État du Valais ont été plus que compréhensifs. «Ils m'ont tous soutenue, appuie-t-elle. Et à l'État, ils commencent à me connaître et à dire: 'Ah oui, c'est la basketteuse' (rires).»
Mais cette expérience en Grèce se fait à perte pour Nadia Constantin. «Avec l'équipe de Suisse, on a des indemnités chaque jour, révèle-t-elle. Je gagne quand même beaucoup moins que si j'enseignais.» Ironie du sort, la Valaisanne sera à nouveau payée par l'État à partir du 23 juin. En effet, les vacances débutent à ce moment pour les jeunes du canton.
Des élèves de Nadia Constantin qui se réjouissent énormément pour elle. «Ils sont trop contents et veulent savoir à quelle heure je joue, pour être sûrs de ne rater aucun match. Même les parents me soutiennent.» Nul doute que ses protégés étaient donc devant leur télévision pour le match d'ouverture face à la Grèce, mais également pour celui contre la Turquie durant lequel leur prof a réalisé une belle prestation. Et qu'ils le seront aussi pour le dernier contre la France (samedi, 16h30). Car en plus d'être enseignante, la Valaisanne est surtout basketteuse ayant pris part à un championnat d'Europe. Une ligne impressionnante dans n'importe quel CV.