Mort de Laura Dahlmeier
Les explications du voyagiste: «Souvent, les morts restent à jamais dans les montagnes»

Laura Dahlmeier a trouvé la mort dans un accident dans les montagnes pakistanaises. L'organisateur de sa dernière expédition explique aujourd'hui ce qui rend ces montagnes si fascinantes. Et ce qu'il va advenir de sa dépouille.
Publié: 06:37 heures
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Dernière mise à jour: 06:46 heures
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L'organisateur de la randonnée, Muhammad Iqbal, avant l'accident avec Laura Dahlmeier (à gauche) et sa partenaire de cordée Marina Krauss.
Photo: AFP
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Ramona Bieri

Le drame de Laura Dahlmeier a bouleversé le monde entier. L’ancienne star du biathlon est décédée la semaine dernière lors d’un accident en haute montagne au Pakistan. «Tu étais une sportive exceptionnelle, comme il n’en existera certainement pas une deuxième dans ce monde», a écrit Miriam Neureuther (35 ans) sur Instagram au sujet de son ancienne coéquipière. «Mais c’est surtout toi, Laura, en tant que personne, qui vas énormément nous manquer. Je te souhaite de trouver la paix là où tu es maintenant.»

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Dahlmeier connaissait les risques de la montagne puisque plusieurs de ses amis y avaient déjà perdu la vie. Lors d’une interview accordée en 2023 à l’«Augsburger Allgemeine», on lui avait demandé si cela ne montrait pas à quel point sa passion était dangereuse. Sa réponse était saisissante de lucidité: «Cela montre surtout que la vie peut s’arrêter du jour au lendemain».

Les accidents mortels ont souvent lieu dans des conditions pourtant banales, expliquait-elle. Cette prise de conscience l’avait poussée à s’interroger sur ses priorités. «J’en suis arrivée à la conclusion que j’aimais profondément être dehors.» Elle était persuadée que même ses amis disparus l’encourageraient à continuer à vivre pleinement sa passion.

La montagne, un terrain exigeant

Et c’est ce qu’elle a fait, jusqu’au bout. Son ultime expédition, au Laila Peak, dans la chaîne du Karakoram, avait été organisée par Muhammad Iqbal (40 ans), guide de montagne expérimenté. «C’est la première fois qu’un tel drame survient dans l’un de mes groupes», confie-t-il au journal «Bild», en rappelant que ces montagnes ne sont pas un terrain de jeu. Beaucoup y viennent précisément pour l’adrénaline, ajoute-t-il.

Ces sommets sont réputés plus techniques que ceux du Népal ou d’Europe, affirme Iqbal. Une difficulté qui fascinait aussi Dahlmeier. «Je sais que Laura était passionnée par certaines montagnes. Et pour elle, c’était le Laila Peak», a déclaré le grimpeur allemand Thomas Huber (58 ans) à la radio bavaroise peu après l’annonce de son décès. Iqbal est catégorique: «Tous ceux qui viennent ici connaissent les dangers. Et c’est justement pour ça qu’ils viennent».

«Souvent, les morts restent pour toujours dans les montagnes»

Toute expédition en haute montagne au Pakistan nécessite une autorisation officielle et une assurance couvrant les secours. «En cas d’urgence, on fait appel à un prestataire aérien, et l’armée peut envoyer des hélicoptères pour un sauvetage ou une récupération», explique Iqbal. Mais toutes les victimes ne peuvent pas être ramenées. «Si la famille le demande et que c’est techniquement possible, on tente une récupération. Mais souvent, les morts restent à jamais dans les montagnes.»

Le corps de Laura Dahlmeier repose toujours là-haut. Elle avait laissé des instructions très claires: personne ne devait risquer sa vie pour aller la chercher.
Iqbal ne peut dire ce qu’il adviendra exactement de sa dépouille. N’étant pas alpiniste lui-même, il organise les expéditions depuis la vallée. Il suppose toutefois qu’en fonction de l’altitude et des conditions climatiques, le corps sera soit préservé, soit dégradé.

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