Le Sail GP sur le Léman
Sebastien Schneiter: «On espère frapper un grand coup à Genève»

Dans trois semaines (20-21 septembre), le Sail GP va enflammer le Léman. Le skipper du bateau volant suisse n’a qu’un seul souhait: que le vent soit de la partie pour briller devant son public. Interview.
Publié: 25.08.2025 à 19:22 heures
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Le Sail GP fait halte sur le Léman.
Photo: Ricardo Pinto for SailGP
Grégoire Surdez

Sébastien Schneiter, quel est l’état de forme de l’équipe de Suisse alors que se profile «votre» Grand Prix? Il est bon. Depuis le début de la saison, on sait que ce premier Grand Prix de Suisse à Genève tombe à un bon moment dans le calendrier pour nous car on est plutôt sur la fin du championnat. On se prépare depuis le début pour être dans une bonne dynamique devant notre public. On espère frapper un grand coup.

Pour cette 3e saison, vous êtes une nouvelle fois presque reparti de zéro avec une équipe renouvelée?
Oui, et c’est pour cela que nous avions absolument besoin de temps pour progresser. Il faut savoir qu’avec ces bateaux, les occasions de naviguer en dehors des week-ends de compétition n’existent pas. C’est une des spécificités de ce circuit qui limite les entraînements. Chaque course est donc importante pour gagner en efficacité et pour développer les automatismes. C’est d’autant plus vrai en ce qui concerne la communication à bord. Avec les vitesses atteintes, les prises de décisions doivent être rapides. Il n’y a pas de place pour l’hésitation.

Et la mayonnaise semble avoir pris au regard de votre progression?
Nous avons trouvé la bonne alchimie au sein de l’équipe. Arnaud Psarofaghis et Bryan Mettraux qui nous ont rejoint sont deux excellents navigateurs et l’on se connait depuis toujours puisque nous avons déjà navigué ensemble sur le lac et sur d’autres supports comme le D35, le GC32. Il y a donc une connexion naturelle. Maud Jayet avait déjà été avec nous plusieurs fois la saison passée. Quant aux deux «gros bras» de l’équipe, Mat Gotrel et Stuart Dodson, ils sont bien davantage que des wincheurs. Ils ont une vraie culture de la victoire et leur rôle à bord est essentiel. Il ne faut pas oublier Arno De Planta, avec qui j’ai participé au Jeux de Marseille il y a un an, qui est notre remplaçant, et avec qui je m’entends particulièrement bien.

Tout cela mis bout à bout, il semble que l’ambiance au sein de l’équipe soit au beau fixe?
Il y a clairement une nouvelle dynamique qui se voit depuis quelques semaines. Le déclic? Peut-être après New York. Nous avons eu une remise en question sous l’impulsion de notre nouveau CEO, Boet Brinkgreve. On s’est vraiment fixé comme objectif de se battre comme des lions lors de chaque manche. Quitte à faire encore des erreurs mais surtout pour ne plus avoir le regret d’être restés passifs.

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Rencontrer Roger Federer? Ça a été un grand moment
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Il y a aussi eu, en ce qui vous concerne, une rencontre particulière ce printemps, juste avant de vous envoler pour Los Angeles et San Francisco?
On m’a demandé d’aller tel jour, telle heure, à Zurich. Sans me dire de quoi il en retournait… Je ne sais pas mais je me doutais un peu de qui j’allais rencontrer. En tous les cas j’espérais que ce serait lui!

Et alors, que vous a dit Roger Federer?
Ça a été un grand moment. Une vraie rencontre informelle qui a été passionnante. Il s’est vraiment intéressé au Sail GP, à notre équipe. Il n’a pas été avare de bons conseils. Tellement bons que je préfère ne pas les livrer à la concurrence en les dévoilant ici! Non plus sérieusement, il a notamment évoqué les doutes, la pression qu’il avait lui-même pu connaître à une époque. Et comment faire pour surmonter tout ça. Il a beaucoup insisté sur le privilège de pouvoir être là où nous sommes en tant que sportif de haut niveau. De la chance que nous avons de pouvoir décider.

On ne sait pas s’il faut dire merci Roger, mais cet été en Angleterre, vous avez décroché votre première place en finale?
Portsmouth a été une étape clé dans notre développement en tant qu’équipe. C’est la première fois que nous avons été consistants tout au long du week-end. Et notre qualification pour la finale ne devait absolument rien au hasard. Les conditions étaient régulières et nous avons pris d’excellents départs, sans quoi rien n’est vraiment possible. Après, en finale, nous étions en tête à la première marque de parcours de cette manche qui se dispute uniquement avec les trois meilleurs des qualifications. Quand notre système hydraulique nous a lâchés et que le bateau ne pouvait plus être utilisé. Sur le moment nous avons été clairement frustrés de cette possible première victoire qui nous tendait les bras.

Après ce Grand Prix d’Angleterre, vous avez profité de quelques jours sans voile pour célébrer un tout autre évènement majeur…
J’ai célébré mon mariage avec Lorena. Cela a été des jours absolument fabuleux. La fête a eu lieu à Verbier, avec un temps de rêve, nos amis, nos familles, nos proches. Lorena, en plus d’être ma copine… Heu, ma femme, désormais (rires), est une personne fabuleuse. On se complète très bien. Elle est aussi une athlète de haut niveau puisqu’elle a participé deux fois au Jeux en voile. Elle a également rejoint l’équipe de Sail GP cette année et s’occupe notamment des médias. Après les courses, elle sait très bien quand c’est le bon moment, ou pas, de me solliciter. Elle apporte également une petite dose de folie bienvenue dans notre groupe qui est peut-être parfois un peu trop sérieux.

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Pour plusieurs d’entre nous, c’est ici que nous avons grandi sur l’eau et appris à naviguer
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On compare souvent le Sail GP à la Formule 1. A juste titre?
Pour ce qui est de la vitesse et du niveau des participants, il y a de véritables similitudes. Récemment, en Allemagne, nous sommes entrés dans le cercle des équipes qui ont franchi la barre des 100km/h en régates. C’est des vitesses incroyables. Après, la grande différence avec les Formule 1, c’est qu’un F50 volant ne se pilote pas tout seul. Sur nos bateaux, c’est comme s’il y avait Jos Verstappen à la barre, Lewis Hamilton au réglage de l’aile, Fernando Alonso aux foils et Charles Leclerc à la tactique.

Et vos Formule 1 à vous sont absolument identiques?
A 100%. Elles ne nous appartiennent même pas. Les réparations, l’entretien, le transport, tout est géré par le Sail GP pour garantir une égalité absolue au niveau du matériel. Mieux même, le secret n’existe pas puisque toutes les datas de toutes les équipes sont accessibles. Ces données sont une source inépuisable pour comprendre comment naviguent ou communiquent les autres. L’idée derrière tout ça, c’est que le niveau de la flotte soit le plus homogène et que chacune des 12 équipes puisse gagner lors de chaque manche.

Dans ce contexte ultra-concurrentiel, la connaissance du plan d’eau peut-elle être un avantage décisif?
J’espère que cela sera le cas chez nous à Genève. Pour plusieurs d’entre nous, c’est ici que nous avons grandi sur l’eau et appris à naviguer. Et oui, il y a bien des petites spécificités liées à ce plan d’eau particulier que l’on espère bien pouvoir utiliser en notre faveur. Nous n’avons plus qu’à croiser les doigts pour que les conditions de vent soient au rendez-vous. C’est le seul point sur lequel on ne peut strictement rien faire. Mais on espère pouvoir offrir au public un superbe spectacle.

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