Casquette et raquette atterrissent, puis plusieurs cris de joie se succèdent: Jérôme Kym laisse libre cours à ses émotions après son succès sur le héros local Ethan Quinn à l’US Open. C’est sa quatrième victoire consécutive dans le tournoi new-yorkais. Après en avoir remporté trois lors des qualifications, le Suisse en rajoute une couche lors de sa toute première participation à un tournoi du Grand Chelem. Dans une interview accordée à la SRF, il cherche ses mots: «C’est de la folie, l’ambiance ici, je n’ai jamais vu ça, c’est malade.» Alors bien sûr, les spectateurs étaient pratiquement tous en faveur de son adversaire américain, «mais heureusement, j’avais aussi dix fans de mon côté», dit-il en souriant.
C’est la plus grande victoire de sa carrière jusqu’à présent. Et elle s’inscrit dans une évolution récente et prometteuse cet été. A Modène (Italie) et à Hagen (Allemagne), il a atteint deux demi-finales de Challenger et, il y a un mois, il s’est hissé en quart de finale du tournoi ATP 250 de Gstaad. Après des années d’attente, Jérôme Kym s’est enfin racheté au niveau du Grand Chelem. Il est maintenant là où beaucoup d’experts l’attendaient il y a longtemps.
L’année dernière, il s’apprêtait à faire une pause
A 15 ans, Kym est devenu le plus jeune joueur suisse de Coupe Davis, lorsqu’il a été autorisé à concourir en double. Il comptait parmi les jeunes joueurs les plus talentueux du monde. Mais sa carrière a connu un coup d’arrêt en raison de blessures à répétition qui l’ont fait reculer. Son genou a fait des siennes et en 2023, il a même dû passer sur le billard.
L’absence de succès sportifs a rongé le géant de 1,98 mètre. Après un mauvais début d’année 2024, il a remis beaucoup de choses en question, comme il l’avait alors confié à Blick: «Je n’avais pas les idées claires. J’étais sur le point de prendre un congé sabbatique.» Mais c’est justement lors du tournoi suivant qu’il a eu le déclic. Il a remporté le tournoi Challenger de Prostejov (Tch) et n’a cessé de progresser. De la 444e place, il est entré dans le top 200 mondial. Grâce à son exploit à New York, le droitier, qui cite le Russe Andrey Rublev et l’Italien Jannik Sinner comme ses modèles, sera désormais classé au moins autour de la 160e place.
Fan du FC Bâle
A New York, Kym continuera d’être soutenu par son coach autrichien Markus Hipf, qui fut autrefois le numéro 63 mondial. Le duo a ses bases à Kitzbühel, où Kym s’entraîne depuis 2020. Parallèlement, il reste toutefois très attaché à la Suisse. L’Argovien est un grand fan du FCB et se rend régulièrement au stade. Le carnaval a également une grande importance pour lui, tout comme son groupe de tambours, pour lequel il n’a plus guère de temps depuis des années. Au lieu de jouer avec eux, il le fait à sa manière sur le circuit de tennis, avec des baquettes en caoutchouc qu’il peut emporter partout. «Cela m’aide à me vider la tête», disait-il l’année dernière, lorsqu’il avait enfin laissé entrevoir son grand potentiel.
Depuis, il est arrivé sur le devant de la scène. Son conte de fées à l’US Open va-t-il se poursuivre? Son prochain adversaire sera à nouveau un Américain, Brandon Nakashima (24 ans, ATP 31). Ses dix supporters pourraient donc aussi lui être utiles au deuxième tour.