Là où se trouve Alessandra Keller se trouve aussi Nicolas Fischer. Et vice versa. Ce n’est pas seulement le sport qui les unit. C’est l’amour de la nature et une grande compréhension mutuelle. Sur le Niederbauen, à environ 1900 mètres d’altitude, dans le canton de Nidwald, d’où est originaire Alessandra Keller, le couple se déplace pour une fois sans vélo, mais en chaussures de randonnée. Elle regarde tendrement son chéri et dit: «Nous sommes plus qu’un couple. Nous sommes les meilleurs amis.»
Alessandra Keller a particulièrement eu besoin de son soutien l’année dernière: en octobre 2024, elle a dû se faire opérer de son ligament croisé déchiré. Six mois plus tard seulement, en avril de cette année, la vététiste était déjà de retour sur le podium de la Coupe du monde à Araxá, au Brésil. «Les médecins m’ont dit que c’était une évolution exceptionnelle. La chance de se rétablir aussi rapidement était minime. Comment y suis-je parvenu? Avec de la discipline, de la volonté, un peu de chance, une super physio et grâce au soutien de mes proches», assure-t-elle. Alessandra Keller fait partie des meilleures dans son domaine. Elle a remporté deux fois le classement général de la Coupe du monde, est championne du monde junior des moins de 23 ans et numéro une mondiale en cross-country.
Une enfance active
Pourtant, rien ne prédestinait Alessandra Keller à une telle carrière. Très tôt, elle a aimé les sports les plus divers. Elle a fait de l’athlétisme, du ski de fond, beaucoup de randonnées ou du sport en famille. À l’école, elle a du mal à rester assise et a besoin de bouger. À l’adolescence, ses parents la poussent à faire du vélo. Une vocation naît. «La vitesse, la dynamique, la nature et le VTT sont rapidement devenus mes plus grandes passions», raconte Alessandra Keller. Mais viser une carrière professionnelle n’était pas objectif initial. Ses projets ont mûri avec les années.
Elle est encore gymnasienne lorsqu’elle devient, à la surprise générale, championne du monde junior à 17 ans. «Cette victoire a changé ma vie de sportive. C’est là que mon destin a été un peu scellé», se souvient-elle. Le titre de championne du monde lui ouvre de nombreuses portes, elle est admise dans des programmes de promotion puis est célébrée par son canton: «C’était aussi spécial pour Nidwald. J’ai été accueillie en grande pompe ici.»
Mais ce n’est qu’à l’âge de 20 ans, en plein milieu de ses études de sciences pharmaceutiques, qu’elle mise entièrement sur le sport. Elle renonce finalement à ses études, car les deux ne sont pas compatibles au plus haut niveau. «Je peux pratiquer ma passion tous les jours. C’est le plus grand privilège que l’on puisse avoir», reconnait-elle.
Une vie pour le VTT
Nicolas Fischer embrasse sa petite amie sur la joue. Le vélo est au centre de leur vie. Alors que sa compagne a «glissé» vers le sport professionnel, selon ses propres mots, Nicolas Fischer rêvait quant à lui d’une grande carrière lorsqu’il était enfant. Arrivé dans l’élite, il doit se rendre à l’évidence: le talent ne suffit pas. «Le succès n’est pas venu. Je n’étais tout simplement pas assez bon», raconte le Soleurois. Ce dernier n’est pas pour autant aigri et reste fidèle au cyclisme. Il suit une formation de professeur de cyclisme. Aujourd’hui, il travaille comme freelance, accompagne souvent Alessandra à ses compétitions et fait office de conseiller polyvalent. «Grâce à Alessandra, je suis ainsi proche d’une si belle carrière. Pouvoir l’accompagner me comble», confie-t-il.
C’est également le cyclisme qui a réuni le couple. Ils se connaissaient depuis longtemps, mais lorsque toutes les courses ont été annulées en 2020 à cause de Covid, ils ont soudain eu du temps l’un pour l’autre. Les entraînements communs se sont transformés en dîners, et notre amitié en amour. «Le Covid a été notre chance», assure Alessandra Keller. En janvier, ils ont acheté une maison. «Cette maison est déterminante pour notre avenir. Nous voulons passer notre vie ensemble», prévoit Nicolas Fischer, tandis que sa compagne ajoute: «Nous aimons tous les deux les enfants. Fonder unne famille après ma carrière, ce serait bien.»
Pour l’instant, l’accent est mis sur le sport. Les Championnats du monde à Crans-Montana se profilent à l’horizon et, à plus long terme, Alessandra Keller a en vue les Jeux olympiques de 2028 à Los Angeles. «J’ai terminé septième à Paris. Un diplôme olympique, c’est super, mais en tant que sportive, seules les médailles comptent. Et j’en veux absolument une à L.A.!» Pendant la descente, les deux font les idiots, se taquinent et s’embrassent. Nicolas Fischer l’assure: «Je suis très fier d’Alessandra. Toujours. Peu importe le classement qu’elle obtient, je sais bien tout le travail qu’il y a derrière.» Ce n’est pas toujours le succès seul qui compte. En Nicolas, Alessandra a trouvé son compagnon de route pour la vie.