Un samedi joyeux. Un dimanche pluvieux. Et des Suisses heureux. Le Sail GP a tout connu le temps d’un week-end à Genève. La grande première de cette compétition qui dépoussière la voile a été un immense succès. Bien au-delà de tout ce que les organisateurs, les navigateurs et les autorités auraient pu imaginer. La voile peut être un sport populaire lorsqu’un circuit amène son savoir-faire. Du clé en main pour transformer la rade de Genève en stade nautique. Des gradins, des zones de divertissement et des courses folles avec des bateaux qui volent. Un format testé et approuvé sur les plans d’eau les plus prestigieux de la planète.
Restait à voir quel accueil la cité de Calvin allait réserver à ce grand barnum. Quais fermés aux voitures, report de circulation et congestionnement des petites artères du centre-ville n’auront sans doute pas raison de l’engouement populaire qui a saisi Genève le temps d’un week-end. Grande star du Sail GP, l’Australien Tom Slingsby ne pouvait pas cacher son émotion samedi en fin d’après-midi. Jamais, le triple vainqueur du circuit n’avait vu autant de monde sur les rives d’un événement qui a débordé bien au-delà des zones dédiées ou avaient été installées des tribunes. «J’ai vu des collines noires de monde, dit-il. Et sur l’eau, l’accueil des centaines de bateaux a été incroyable et tout le monde faisait sonner sa corne pour nous accompagner jusqu’à la zone technique.»
Un engouement énorme
Ce sentiment est bien sûr partagé par Sébastien Schneiter, le barreur de l’équipe de Suisse. «Nous avons été portés par nos fans, dit-il. Au-delà de ce que nous avions rêvé. Jamais nous n’aurions pensé qu’il y aurait un tel engouement pour une compétition de voile. Pour nous, ce Grand Prix était le grand objectif de notre saison et nous n’avons rien lâché.»
Après un premier jour ensoleillé bouclé en troisième position, la Suisse a failli basculer du côté obscur du classement après la première course dominicale disputée dans des conditions à la limite de la régularité tant les vents étaient absents et tournoyants. Septième de cette 4e régate, Sébastien Schneiter n’avait plus le choix, il fallait tout mettre sur la table lors de l’ultime course de qualification. Sans peur et sans aucun reproche, l’Eiger, le petit nom du bateau suisse, a foncé sur la deuxième place de cette 5e course pour mieux accéder à la grande finale du week-end.
Une finale à couper le souffle
Une dernière course pour la route qui réunit les trois meilleures équipes. Les compteurs sont remis à zéro et le gagnant de cette manche unique rafle la mise. C’est limpide et lisible pour un public pas forcément averti. Comme pour mieux récompenser les efforts de tous ceux qui se sont engagés pour faire de ce Grand Prix de Suisse une belle réussite, le vent a déboulé des crêtes du Jura pour offrir une finale à couper le souffle. Allemagne, Australie et Suisse. Voilà donc le tiercé dans l’ordre après un dernier vol en haute altitude dans un Joran forcissant. La Suisse a su se montrer agressive lors de la phase de départ en allant jouer des coudes avec Tom Slingsby. Le triple vainqueur du circuit a alors réagi en poussant son adversaire à la faute, l’obligeant à griller le départ pour une demi-seconde à peine. Du grand art.
Profitant de cette lutte, l’Allemagne a pris les devants pour aller cueillir un premier succès en Sail GP. Juste devant l’Australie qui conforte sa place de leader du championnat à deux Grand Prix de la fin de saison. La Suisse, elle, conforte sa certitude d’être sur le très bon chemin pour jouer un rôle en vue ces prochaines années. Avec ce deuxième podium de la saison (après le GP de Grande Bretagne en juillet à Portsmouth), Switzerland Sail GP consolide sa septième place au général. «L’état d’esprit de l’équipe a changé, témoigne Boet Brinkgreve, le CEO du team suisse. J’ai aimé l’attitude de l’équipe tout au long de ce week-end. Et particulièrement la prise de risque et l’agressivité au départ de la finale. On peut être fier de cette équipe.»
De retour l'an prochain à Genève?
Une équipe qui ne rêve que d’une chose. Revenir dans un an ici et faire mieux. «Des discussions vont avoir lieu la semaine prochaine avec les autorités, explique le Genevois Julien Di Biase, directeur opérationnel du Sail GP. Notre volonté, c’est de faire de Genève un rendez-vous incontournable qui s'inscrit dans la durée. La Ville et le Canton, eux, voulaient d’abord voir comment se passerait cette première édition avant de se projeter. Je pense que le succès populaire absolument incroyable de ce premier Rolex Sail GP apporte la meilleure des réponses à ces interrogations.»