Clint Capela a été l'une des premières signatures de l'été lorsque le marché des transferts s'est ouvert, le 1er juillet dernier. Il était environ 3h du matin en Suisse lorsque la nouvelle est tombée. Le Genevois allait quitter les Atlanta Hawks pour signer un contrat de trois ans avec les Houston Rockets. Cet accord permet donc au pivot de revenir dans le club qui l'a drafté en 2014. Formation avec laquelle il a atteint une finale de conférence et avec laquelle il se verrait bien viser plus haut encore.
Cela tombe bien, Houston est l'une des équipes sorties grandes gagnantes de l'été en réalisant un transfert retentissant pour la superstar Kevin Durant. Durant les jours qui ont suivi cette bonne nouvelle, Clint Capela était présent à Lausanne pour soutenir l'équipe de Suisse M19 engagée dans la Coupe du monde avec, à la clé, une victoire retentissante face à la France et une place dans le Top 8. Preuve que le basketball suisse se porte bien, quelques semaines après la draft du Fribourgeois Yanic Konan Niederhäuser. L'occasion de faire le point sur celui qui, avec Thabo Sefolosha, a inspiré cette génération florissante.
Tu viens de signer pour trois ans avec Houston, c’était une surprise pour toi aussi?
Pas totalement, mais je ne m’y attendais pas forcément. J’étais en contact avec plusieurs franchises... Mais quand Houston est revenu avec un vrai intérêt, et surtout ce contrat garanti sur trois ans, ça a été clair pour moi. Je connais bien le manager, on s’est toujours bien entendus. Le coach me veut pour mon jeu physique, il m’a dit que ça correspondait parfaitement à son style. Et puis il y avait cette excitation mutuelle. Tu sens quand un club veut vraiment te faire revenir. Ça joue beaucoup.
Et il y a un vrai côté retour aux sources, non?
Clairement. Ma femme est originaire de là-bas, sa famille est sur place, on vient d’avoir un enfant… C’est exactement là qu’on voulait être. Même en février, quand on en parlait, je ne pensais pas que ce serait aussi parfait à la fin. Tout s’aligne.
Sur le terrain, Houston a aussi changé de dimension cet été.
Oui. L’équipe avait déjà fait une grosse saison l’an dernier, mais avec l’arrivée de Kevin Durant, ça passe un cap. C’est une légende du basket, pour moi le meilleur joueur avec qui j’ai eu la chance d’évoluer. Et autour, l’effectif est très complet. Il y a du talent et de l’expérience. On peut viser très haut.
Tu as connu les belles années à Houston, avec cette fameuse finale de conférence en 2018. Tu retrouves une vraie ambition?
Oui, et ça fait du bien. Quand tu es dans une équipe qui joue quelque chose, où tout le monde est aligné sur un objectif, tu le ressens directement. Personnellement, j’arrive dans une situation idéale, avec un rôle clair et la confiance du staff. C’est motivant.
Tu étais présent à Lausanne pour suivre la Coupe du monde M19. Qu’est-ce que tu retiens?
Un vrai sentiment de fierté. Les Suisses ont montré un super visage, ils ont battu la France, ils ont fini dans le Top 8… On voit une vraie progression du basket suisse. Il y a du talent, mais aussi une vraie mentalité de travail. Les jeunes ne viennent pas pour rigoler, ils savent pourquoi ils sont là. Ça fait plaisir à voir.
Il y a de plus en plus de jeunes Suisses qui se montrent. Certains ont même été draftés dont deux en deux ans. Tu sens que tu as eu un impact là-dessus?
Je pense, oui. Moi et Thabo (ndlr Sefolosha), on a un peu ouvert la porte. Aujourd’hui, il y a Yanic Konan Niederhäuser, il y a Kyshawn George… Et demain, il y en aura d’autres. Quand je vois ça, je suis content. Je me dis que j’ai servi à quelque chose. Et eux aussi, ils auront un rôle à jouer pour la génération d’après. C’est comme ça qu’on construit une vraie culture basket.
Tu parles avec ces jeunes? Tu joues un rôle de mentor?
J’essaie. Pendant la Coupe du monde, j’ai parlé avec plusieurs joueurs et avec Kyshawn George et en marge de la draft, avec Yanic aussi. Ils me posent des questions, je leur donne des conseils. Ce sont des échanges simples, naturels. Moi, j’aurais aimé avoir ça quand j’étais plus jeune. Alors si je peux le faire aujourd’hui, c’est normal.
Tu as l’impression que le basket suisse peut vraiment décoller?
Oui. Il y a une dynamique. Les jeunes partent plus tôt se développer à l'étranger et ils sont bien encadrés. Et surtout, ils commencent à croire que c’est possible. Qu’un Suisse peut aller en NBA. Quand tu as des exemples concrets, tu te projettes plus facilement.
On parle beaucoup des salaires en NBA, de l’argent que ça génère. Tu en penses quoi?
Je trouve ça juste. La NBA génère des milliards, donc autant que les joueurs, ceux qui font le spectacle, en profitent. Aujourd’hui, c’est 50% pour les joueurs, et ça me paraît normal. Et puis ça montre aussi que le basket peut être une vraie opportunité, y compris pour les jeunes en Suisse.
Te concernant ça fait plus de 150 millions en carrière sur les parquets...
C'est fou de se le dire. Même pour moi, cela paraît irréel. Il n’y a pas que le foot qui doit faire rêver les jeunes. C'est ce que j'essaie de leur dire lorsqu'ils me parlent de leur avenir. Oui, on peut devenir joueur de NBA en étant né en Suisse. Aujourd'hui, ce n'est plus une utopie.
À 31 ans, tu te vois encore jouer combien de temps?
Je me sens bien. Physiquement, je suis encore à un très bon niveau. J’ai envie de continuer tant que je suis utile, tant que j’ai un rôle. Et j’espère qu’en parallèle, je pourrai encore aider le basket suisse à avancer. Ce serait la meilleure façon de rendre tout ce que le basket m’a donné.