Voilà un an qu'Andrea Siviero a pris la succession de Giancarlo Sergi à la tête de Swiss Basketball. En douze mois, il a déjà vécu des incroyables moments pour le ballon orange en Suisse: la qualification de l'équipe nationale à l'Eurobasket 2025, la médaille d'argent de Natan Jurkovitz et Cie au Mondial 3x3, la draft de Yanic Konan Niederhauser en 30e position par les Los Angeles Clippers et l'organisation du Mondial U19 à Lausanne avec un quart de finale pour la Suisse. Interview alors que le match Canada-Australie est en train de s'achever devant nos yeux.
Andrea Siviero, est-ce qu'on vit la meilleure période de l'histoire du basket suisse?
Je crois qu'il y a des choses très positives qui se passent. Le public voit les résultats sur le terrain et il est vrai qu'ils sont exceptionnels. Mais c'est le fruit d'un travail qui vient de commencer. Il y en a encore beaucoup. Les résultats actuels sont très positifs et sont utiles car ils permettent de gagner en crédibilité. Le but, c'est qu'ils se poursuivent puisqu'on a un programme sur 3, 4, voire 5 ans. Il y a aussi un concours de circonstances postitifs et c'est extraordinaire.
Il y a une explication à ces bons résultats ou c'est simplement que toutes les planètes sont alignées au même moment?
Au niveau de l'équipe nationale masculine, il y a un travail qui s'est fait avec le Centre National depuis quatre ans, qui a permis de faire grandir des jeunes ensemble, d'avoir une équipe qui est solidaire. C'est très important de créer cette unité de pointe parce que ça permet de s'entraîner tout le temps, deux fois par jour, d'avoir un groupe.
Et pour la participation des femmes à l'Eurobasket?
Pour ce qui est de l'équipe nationale féminine, je dirais qu'on a vraiment une belle génération. Il y a plusieurs joueuses qui sont parties à l'étranger et qui ont accumulé des expériences importantes. On a eu aussi un coach (ndlr: François Gomez) qui avait déjà l'équipe des U20 en main et qui a repris la confiance du groupe. On ne peut pas parler de chance, mais il y a aussi un concours de circonstances qui est recherché et voulu. Ce n'est pas un hasard.
Il y a aussi cette médaille d'argent mondial en 3x3.
Il faut que progressivement, on se concentre sur le 3x3 et qu'on y mette les ressources. Aujourd'hui, comme dans beaucoup de pays, on a encore des joueurs 5x5 qui pratiquent ce sport. On doit se spécialiser davantage.
Et finalement, Yanic Konan Niederhauser a été drafté…
Ce quatrième Suisse en NBA, c'est quelque chose de très important. En plus, c'est un joueur qui a été formé dans les clubs de notre pays. Il faut aussi noter que c'est le premier Suisse allemand qui file en NBA. Ça permettra aussi de vraiment mobiliser et d'inspirer aussi des jeunes de l'autre côté de la Sarine.
Vous êtes arrivés à la présidence en juin 2024. En un an, est-ce que vous avez surtout travaillé dans la continuité ou avez-vous mis en place une révolution?
Non, pas une révolution (sourire). Plutôt une réforme, qui a été très bien planifié quelques mois avant mon arrivée. On a travaillé avec Deloitte, une boîte de consultant qui a fait un travail similaire en Allemagne, en Belgique ou la WNBA. On a débuté un processus assez large en impliquant la communauté avec des questionnaires, des interviews, des tables rondes, etc. Après, on a défini des programmes d'intervention et des projets.
Quels sont ces domaines d'intervention?
Rapidement, il y en a 7: élever le niveau de nos compétitions nationales, mais également de nos infrastructures. On veut aussi élargir la présence du basket dans le pays, en visant la Suisse alémanique, les féminines et le mini-basket. On mise aussi sur la visibilité du basket, un soutien aux clubs ou une stratégie en lien avec les droits télévisés. Et le plus gros pilier concerne la gouvernance, avec une nouvelle réforme. On procède avec tout ça et on commence à avoir des résultats parce que des mesures concrètes ont été prises.
On parle beaucoup de positif, mais il y a encore des problèmes au niveau du basket suisse. On pense par exemple aux Lions de Genève, champion en titre, qui ne peuvent pas participer à la Coupe d'Europe faute d'infrastructure.
Absolument. Mais c'est pour ça que dans les différents programmes, on a un programme dédié aux infrastructures. On n'est pas une entreprise de construction et la Fédération ne peut pas construire de salles. Par contre, on peut aider au niveau politique, on peut faire du lobbying, on peut aider au niveau technique. On peut aussi obtenir des financements de la part de la Confédération si les infrastructures sont considérées d'importance nationale. Donc, on peut les aider. On fait aussi ce travail, qui est indispensable.
Comment faire pour ne pas se reposer sur ses lauriers et faire en sorte que la Suisse devienne une nation qui participe régulièrement aux Euros, aux Mondiaux, que ce soit chez les hommes comme chez les femmes?
On ne va pas se reposer sur nos lauriers parce qu'on sait que ces résultats ne peuvent pas durer s'il n'y a pas de travail de fond qui est fait. Comme je le disais avant, on a un programme clair à développer. On va le mettre en œuvre de ce programme. Évidemment, il y a tellement d'éléments qui entrent en ligne de compte. Mais je crois qu'avec les programmes de formation, avec nos centres de promotion des espoirs et qu'avec nos centres nationaux, on va dans la bonne direction. On est en train de réfléchir à développer un centre national pour les filles à partir de 2027. Je crois qu'il faut continuer ce type de travail et je suis convaincu qu'en Suisse, il y a toutes les possibilités pour grandir. Il faut convaincre aussi les autorités politiques ou Swiss Olympic. C'est avec des événements comme le Mondial U19 et avec les résultats des équipes nationales qu'on peut gagner au niveau du classement des sports en Suisse.
Justement, y a-t-il un objectif à court ou moyen terme de devenir le troisième sport collectif en Suisse?
Il n'y a pas un objectif fixe ou une deadline fixe. Mais c'est clair que tout ce qu'on fait, c'est pour augmenter le nombre de pratiquants. Là, il y a beaucoup de travail à faire, par exemple en Suisse alémanique. On sait aussi que 75% de nos licenciés sont des hommes, donc on veut aussi grandir au niveau du basket féminin. On travaille dans cette direction pour élargir la base, ce qui est nécessaire pour développer l'élite.
Vous n'avez finalement pas vraiment répondu à ma première question et je permets de vous la reposer: Est-ce qu'on vit la meilleure période de l'histoire du basket suisse?
(rires) Je crois que c'est une période très favorable. Je n'ai pas suffisamment l'historique pour dire si c'est la meilleure période de tous les temps. Elle est très positive, mais on doit voir ça comme le début d'une histoire, pas une fin. Les choses positives doivent nous donner plus de courage et nous encourager à gagner plus de crédibilité au niveau national et international.