Jacques Mooser l'avoue sans honte: oui, il y a du dopage technologique sur les routes du Tour de Romandie. Et il est directement concerné. «J'ai un moteur dans mon vélo. Mais seulement depuis l'année passée. Je triche depuis mes 78 ans!», sourit celui qui est l'une des figures emblématiques du Tour et qui diffuse de la bonne humeur partout où il passe. Ce vendredi, ce sont les 400 bénévoles de la course qui auront droit à son récital lors du repas qui leur est offert et dont le comédien assure l'animation.
Le plus incisif des bénévoles
«Je me glisse un soir dans la peau d'un bénévole et j'ai une liberté totale pour dire tout ce que je pense de l'organisation, c'est très appréciable», explique l'élégant humoriste, lequel ne fait donc pas que s'esclaffer de rire les bénévoles ou les convives du repas de soutien, mais transpire également sur les routes du Tour, juste avant l'arrivée des cadors.
Car sa course «à lui», c'est le «petit Tour de Romandie». Et il s'éclate!
«On organise une course avec les enfants pour leur faire vivre l'émotion d'une véritable arrivée. Les gamins qui participent font les deux ou trois derniers kilomètres. C'est un peu une parade! On les lâche sur les 200 ou 300 dernières mètres pour sprinter, mais on base tout sur la sécurité et sur le plaisir qu'on peut leur apporter», explique le responsable des animations et, donc, véritable guide des petits cyclistes.
Un mélange subtil d'humour et de bienveillance
Tiens, d'ailleurs, comment se voit-il? Comme le plus expérimenté des gamins, par exemple? «Vous pouvez le voir comme ça. Je dirais presque que je suis le plus enthousiaste des gamins», répond-il, avec ce regard amusé qui en fait un mélange subtil de bienveillance, d'amour des mots et d'humour tout court. Un mélange de bonté et de rire qui n va pas forcément de soi chez certains de ses confrères, mais une dualité qu'il incarne et assume parfaitement. Jacques Mooser fait rire, mais avec une dimension poétique et un recul sur les choses qui le rendent très particulier et, osons le dire, éminemment sympathique.
Mais en ce qui concerne l'effort physique, même avec un moteur électrique, tient-il encore le coup, lui qui avoue pratique le cyclisme «en touriste»? «En prenant de l'âge, les articulations commencent à grincer. Mais le vélo, c'est le meilleur remède! C'est un plaisir extraordinaire de faire de l'exercice en plein air, de se faire du bien en s'amusant», enchaîne celui qui a vu passer de futurs champions dans son «petit Tour de Romandie».
La première arrivée d'Alexandre Balmer
A ce titre, voir Alexandre Balmer (23 ans) venir lui témoigner sa reconnaissance l'an dernier l'a fortement touché. «Plusieurs coureurs professionnels sont passés par là, mais l'exemple le plus marquant, c'est effectivement Alexandre Balmer, qui m'a dit qu'il se souviendrait toujours de moi parce que la première arrivée qu'il a faite, il y a douze ans, c'était avec le petit Tour de Romandie. Et maintenant il est dans une équipe pro. Ce sont de belles histoires», explique Jacques Mooser au sujet du coureur neuchâtelois de Swiss Cycling.
Le comédien multifonctions a l'agenda bien rempli. Une fois rangé son vélo du Tour de Romandie, il se remettra en effet à l'écriture d'un spectacle basé sur l'héritage. «Je l'écris avec un duo. On s'inspire un petit peu du Viager, c'est un peu le thème!»
Et puis, l'écriture de la Revue de Thierrens, dont il imagine les sketches et où il contribue largement à la mise en scène, a débuté. Comme l'année dernière, il jouera également le rôle de divers personnages dans la fameuse Revue joratoise. Avant de revenir fêter ses 80 ans sur la route du Tour de Romandie en 2025!