Le commentaire de Richard Werly
Bientôt un patron «à la Trump» pour remplacer Macron?

Les rumeurs vont bon train: un grand patron français, médiatique et prêt à réformer le pays, pourrait faire irruption dans la prochaine campagne présidentielle de 2027. Avec le soutien d'un certain Emmanuel Macron, estime notre journaliste Richard Werly.
Publié: 10.07.2025 à 13:10 heures
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Dernière mise à jour: 10.07.2025 à 16:27 heures
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Le président français a conclu cette semaine une visite d'Etat au Royaume-Uni.
Photo: IMAGO/ABACAPRESS
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Richard WerlyJournaliste Blick

Un patron pour remettre la France sur les rails économiques et budgétaires. Un patron qui saurait reparler aux Français de la valeur «travail» et qui miserait sur leur confiance dans l’entreprise, attestée par plusieurs sondages récents. Un patron qui parlerait chiffres et résultats, dans un pays où six millions de personnes (soit environ 1/4 de la population active) sont, d’une façon ou d’une autre, employés du secteur public.

Ce patron alimente la grande peur des politiques français, qui se précipitent depuis des semaines sur l’avant ligne de départ de la présidentielle de mai 2027. On ne connaît pas son nom, même si quelques couvertures de presse montrent que certains PDG se préparent et font fuiter leurs ambitions. Il (ou elle) est le patron de l’ombre qui pourrait enfin dire aux Français les vérités qu’ils sont (peut-être) prêts à entendre sur l’état réel du pays, confronté à une dette record d’environ 3350 milliards d’euros, et à un déficit public annoncé de 5,4% pour 2025.

La vague Trump

Ce patron aurait en plus un avantage: il pourrait surfer sur la vague Trump. Un surf à la française, en bien moins libéral, autoritaire, et anti-Etat. Mais quand même. Lorsque le 15 juillet, s’il tient parole, le premier ministre François Bayrou présentera ses grandes orientations budgétaires, le lendemain de la fête nationale aura l’allure d’une sacrée gueule de bois tricolore. Hormis quelques grandes entreprises mondialisées, dont le géant énergétique Total ou l’Empereur du luxe LVMH sont l’incarnation, et hormis ses secteurs stratégiques du nucléaire et de la défense, la France a ces dernières années perdu du terrain sur presque tous les tableaux. En bref: l’entreprise France est à restructurer!

Alors qui? Et comment? Les premiers noms dévoilés par les médias sont assez attendus. On parle de Michel-Edouard Leclerc, le patron breton des hypermarchés les plus populaires de France. On évoque le nom de Xavier Niel, le milliardaire du numérique, propriétaire de l’opérateur téléphonique suisse Salt. On regarde, bien sûr, du côté du longiligne septuagénaire Bernard Arnault (76), parrain du CAC 40, l’indice boursier français, et propriétaire d’un influent groupe de presse (Le Parisien, Les Echos, l’Opinion). Et depuis les rencontres économiques d’Aix en Provence les 4 et 5 juillet, un autre nom circule: celui de Patrick Pouyanné, le PDG de Total, le groupe énergétique aux 15,2 milliards d’euros de bénéfices en 2024.

Hostilité de l’élite

Répondre au «Comment?» est plus compliqué. En France, l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel exige un socle électoral, une campagne, un mouvement et un projet. C’est pour cela qu’aux Etats-Unis, Donald Trump a conquis le parti Républicain avant la Maison Blanche. A coup sûr, l’élite politique – composée pour l’essentiel d’anciens Hauts fonctionnaires représentant de la classe administrative qui dirige le pays – va se rebeller.

Mais imaginez la scène: un patron populaire qui saurait dire aux politiques «Stop!». Stop au toboggan des dépenses publiques. Stop aux charges qui ligotent l’activité des entrepreneurs. Et bienvenue à une indexation des salaires sur les profits, à une France de nouveau créative, à un renouveau industriel.

Le patron et les électeurs

Il faudrait, pour que cette option soit crédible, un patron qui sache parler aux électeurs, qui soit en prise avec le reste de l’Europe, et qui plaise aux médias. Ce patron-là, en plus, pourrait bénéficier du soutien d’Emmanuel Macron, qui s’est beaucoup investi pour vanter l’attractivité de la France auprès des investisseurs étrangers. Cette équation patronale, vue l’affluence actuelle des candidats, semble relever du délire. Mais une fois les chiffres budgétaires posés, et la difficulté du redressement en vue, ce scénario sera-t-il toujours aussi irréaliste?

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