Le feu d’artifice du 14 juillet 2025 ne sera pas celui qu’on croit. D’ordinaire, les fusées jaillissent dans le ciel de France à chaque fête nationale, après le grand défilé militaire à Paris. Mais cette année, un autre déluge est prévu. Un déluge budgétaire, qui devrait être annoncé par le Premier ministre François Bayrou le 15 juillet. Avec, à la clef, une pluie de sacrifices promis pour atteindre une cible que beaucoup jugent hors de portée: 40 milliards d’euros d’économies à réaliser au minimum, sur un montant annuel des dépenses publiques de 440 milliards.
Ce feu d’artifice budgétaire est, depuis le jeudi 3 juillet, détaillé sous toutes les coutures lors des rencontres économiques annuelles d’Aix-en-Provence, le «mini Davos» à la française qui réunit patrons, experts et acteurs politiques. Or un sigle revient en boucle dans les discussions: celui du Fonds Monétaire International (FMI).
Et si la France, avec 3300 milliards d’euros de dettes et un déficit public annoncé de 5,4% du produit intérieur brut, finissait par être mise sous tutelle par le Fonds? «Tout le monde en parle sans y croire, sourit le journaliste économique Philippe Mabille, lors d’un débat sur BFM Business auquel participait Blick. Mais à force d’en parler, l’idée s’installe».
La faillite? Possible
Qui dit FMI dit faillite. C’est l’autre mot qui fâche et qui ternit l’été des Français. Lesquels, pourtant, remplissent les trains bondés à destination des lieux de vacances. Comment financer, par exemple, l’augmentation promise du budget de la Défense fixée par une loi de programmation militaire qui garantit aux armées 430 milliards d’euros d’ici 2030?
«Nous ne pouvons plus continuer à marcher en somnambules vers le mur de la dette», a encore répété, le 12 juin, le Gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. «La France aime encore trop la dépense publique. Tant qu’elle affichera un déficit primaire, hors charge d’intérêt, le ratio de dette sur PIB augmentera mécaniquement. Seul le cap des 3% de déficit, affiché pour 2029, permettra de stabiliser ce ratio; il doit donc impérativement être tenu. C’est l’intérêt national, quel que soit le résultat des échéances électorales entretemps».
Une autre angoisse s’ajoute à cette très forte incertitude économique, alimentée par un nombre inquiétant de faillites d’entreprises. «La France s’achemine vers un record historique en 2025 pour les dépôts de bilan, détaille un récent rapport de l’assureur Allianz. Aucune taille d’entreprises ou de secteur n’échappe à l’augmentation des défaillances». Cette angoisse est politique. Et elle porte un nom: la possible dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Ce qui entraînerait un retour aux urnes à haut risque, à deux ans de la présidentielle de mai 2027.
La dissolution? Possible
La dissolution, cette arme aux mains du Président de la République, va redevenir possible pour Emmanuel Macron à partir du 7 juillet. Un an doit en effet s’écouler entre deux dissolutions, or le Chef de l’Etat a joué son va-tout (et a perdu) le 9 juin 2024. Ce jour-là, Macron décide «d’appuyer sur le bouton» et de renvoyer les députés devant leurs électeurs. Echec total. Cette manœuvre destinée à renforcer son «bloc central» a dopé les extrêmes. Qu’adviendra-t-il s’il recommence? 50% des Français, selon un sondage Elabe, pensent qu’il doit tenter le coup pour clarifier la donne politique. Le risque d’une division profonde du pays est patent.
FMI, faillite, dissolution. A ce trio s’ajoute un autre nom: celui du Premier ministre centriste François Bayrou. Nommé à la mi-décembre après la chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par le vote d’une motion de censure à l’Assemblée, le vétéran Bayrou est aujourd’hui le locataire de l’Hôtel Matignon le plus impopulaire de la Ve République. 80% des personnes interrogées sont mécontentes de son action. Or c’est lui qui doit annoncer, le 15 juillet, une purge budgétaire sans précédent à la population. On vous le prédit: l’été français sera chaud.