Piégé en caméra cachée
Un antivax anglais accepte 12'500 francs pour arrêter de critiquer AstraZeneca

Piers Corbyn, figure antivax anglaise, s'est laissé berner par deux humoristes. Ceux-ci s'étaient fait passer pour des investisseurs et lui avait proposé une somme d'argent en échange d'un revirement de discours. Acculé, l'homme piégé dénonce un montage.
Piers Corbyn a accepté d'arrêter ses critiques envers la firme suédo-britannique pour concentrer ses attaques sur ses rivaux Pfizer et Moderna.
Photo: DUKAS
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Antoine HürlimannResponsable de l'actualité de L'illustré

Piers Corbyn s’est fait prendre la main dans le pot de confiture. Depuis le début de la crise du Covid-19, cet anglais est devenu l’une des figures du mouvement antivax au Royaume-Uni. Virulent opposant aux mesures sanitaires, adepte des théories complotistes, le frère de l’ancien patron controversé du Labour Party Jeremy Corbyn a même lancé une campagne nommée «Stop New Normal» pour donner de l’ampleur à sa lutte, relate «Le Figaro».

Visiblement très convaincu et engagé, le militant semble toutefois avoir retourné sa veste contre… une rondelette somme d’argent. Dans une vidéo tournée en caméra cachée et publiée dimanche dernier, Josh Pieters et Archie Manners, deux humoristes, racontent comment ils l'ont piégé en lui proposant 10'000 livres sterling (plus de 12’500 francs) et en lui faisant croire que cette somme provenait d’AstraZeneca.

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Sans surprise, la vidéo diffusée sur YouTube soulève une vague de réactions amusées sur les réseaux sociaux. D’autres internautes, moins jouasses, se réjouissent tout de même que les «réelles» intentions de Piers Corbyn soient révélées. Le principal intéressé, lui, crie au montage et dénonce une représentation biaisée de l’échange avec les deux farceurs.

Un piège millimétré

Rembobinons. Avant de passer à l’acte, les deux jeunes hommes échafaudent un plan précis. Pour piéger Piers Corbyn, ils comptent lui proposer une liasse de billets, en échange de quoi ce dernier devra arrêter ses critiques envers la firme suédo-britannique pour concentrer ses attaques sur ses rivaux Pfizer et Moderna, rapporte encore le quotidien français.

Ils entrent d’abord en contact par courriel avec leur cible, lui proposant une donation pour sa campagne antivax. «Ça semble intéressant», rétorque Piers Corbyn, qui leur demande une entrevue. Cette rencontre se passe le lundi 30 juillet. Josh Pieters et Archie Manners retrouvent donc leur victime à la terrasse d’un restaurant londonien cernée de caméras, avec la complicité des gérants.

Rapidement, un des deux compères entre dans le vif du sujet, lui expliquant que sa famille a placé de l’argent chez AstraZeneca. «Nous avons des intérêts communs», poursuit-il, en brandissant une liasse de billets. «Wow, c’est étonnant!» réagit alors Piers Corbyn, soulignant qu’il ne peut accepter l’offre qu’à condition de ne pas être influencé dans son discours.

Les deux faux hommes d’affaires sont malins. Ils lui demandent, en contrepartie de l’enveloppe, de tourner ses attaques vers Pfizer et Moderna. Ce que le militant antivax accepte, «avant de dresser sur un coin de la table une liste des points positifs du vaccin AstraZeneca», narrent les humoristes. «Il ne s’agit pas d’un vaccin à ARN messager, qui provoque des choses magnétiques», peut-on notamment l’entendre dire, souligne «Le Figaro».

Des faux billets

Arrive le point d’orgue du canular. Pour ne pas perdre leur liasse de billets pour de vrai, Josh Pieters et Archie Manners joue un gros coup de poker. Dans un premier temps, ils montrent le magot, plongé dans une enveloppe kraft, à Piers Corbyn et le dépose devant lui. Deux acteurs apparaissent. La petite amie de Josh Pieters, qui se déclare fan du complotiste, lui demande un selfie pour le distraire. Pendant ce temps-là, un autre homme se glisse subtilement derrière les deux YouTubeurs pour échanger l'enveloppe avec une autre similaire en tout point. Du moins en apparence, puisque celle-ci contient en réalité des… billets de Monopoly.

Le petit groupe poursuit sa négociation, et Piers Corbyn finit par filer avec le faux argent, sans se rendre compte du subterfuge. Il explique au passage à ses deux interlocuteurs que si on lui demande d’où vient la somme, il dira simplement «qu’il provient d’un homme d’affaires qui gère des restaurants». Pas vu pas pris, pas vrai? Jusqu'à la diffusion de la vidéo choc.

Malgré ses protestations, Piers Corbyn n'a pas réussi à entacher le succès des images prises sur le vif. Elles ont engrangé plus de 500'000 vues en un peu moins de quatre jours.

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