Donald Trump a remporté jeudi la première victoire législative majeure de son second mandat avec l’adoption au forceps par le Congrès d’un vaste projet de loi budgétaire entérinant des baisses d’impôts et des coupes dans la protection sociale des Américains. Le président républicain doit promulguer ce texte, qu’il a baptisé «grande et belle loi» et qu’il considère comme la clé de voûte de son programme économique, vendredi, jour de la fête nationale américaine.
La loi prolonge les colossaux crédits d’impôt instaurés lors du premier mandat du milliardaire, supprime l’imposition sur les pourboires – promesse phare de sa campagne – et alloue des milliards de dollars supplémentaires à la défense et à la lutte contre l’immigration. Pour en atténuer l’impact sur les finances publiques, elle prévoit de fortes coupes dans Medicaid, programme d’assurance-santé des plus modestes, et une réduction drastique du principal programme d’aide alimentaire. Elle supprime en outre de nombreuses incitations fiscales en faveur des énergies renouvelables adoptées sous Joe Biden.
Après le Sénat, qui l’avait approuvée mardi de justesse, la Chambre des représentants a définitivement adopté la loi jeudi, lors d’un vote très serré précédé de multiples pressions et tractations. Le texte de 869 pages a été entériné par 218 voix contre 214. Cette courte majorité n’a été obtenue qu’au prix d’une discipline de fer imposée par les dirigeants républicains et par Donald Trump lui-même.
L'économie propulsée telle «une fusée»
Selon Donald Trump, cette loi propulsera l’économie américaine telle une «fusée». Il se rendra vendredi à un meeting dans l’Iowa pour lancer les célébrations du 250e anniversaire des États-Unis en 2026.
Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche, affirme que «ce texte rassemble toutes les politiques sur lesquelles le président a fait campagne et pour lesquelles les Américains ont voté». La cérémonie de signature est prévue à la Maison-Blanche vendredi à 16h00 (22h, heure suisse). Hakeem Jeffries, chef de file des démocrates à la Chambre, a pour sa part qualifié la loi de «monstruosité répugnante» qui «fera souffrir les Américains ordinaires».
Jeudi, Hakeem Jeffries a retardé le vote final en prononçant un discours de près de neuf heures – un record dans l’hémicycle. Une fois le scrutin clos, des parlementaires ont scandé «USA, USA, USA!» dans la salle. Seuls deux élus républicains ont finalement voté «contre», le parti ne pouvant se permettre plus de trois défections.
Tension chez les républicains
La veille, Donald Trump avait exprimé son impatience sur Truth Social : «Qu’est-ce que les républicains attendent?». Il a téléphoné jusqu’à tard dans la nuit aux élus récalcitrants pour les convaincre, a rapporté le président de la Chambre, Mike Johnson.
L’explosion annoncée du déficit public a rendu l’adoption du texte difficile pour nombre de républicains attachés à l’orthodoxie budgétaire. Le Bureau budgétaire du Congrès évalue que la loi creusera la dette de plus de 3 400 milliards de dollars d’ici 2034. «Je suis venu à Washington pour aider à freiner notre dette nationale», déclarait encore Keith Self avant de se rallier au camp présidentiel.
Le Sénat avait déjà adopté la mesure mardi, après 26 heures de débats et de votes sur des dizaines d’amendements. Les démocrates, minoritaires dans les deux chambres, n’ont pu qu’en retarder l’issue. Gavin Newsom, gouverneur démocrate de Californie, a dénoncé : «Dix-sept millions de personnes viennent de perdre leur assurance santé». L’ancien président démocrate Joe Biden a lui aussi fustigé une loi «irresponsable» et «cruelle» pour les Américains les moins fortunés.