Donald Trump aime s'en vanter: il se voit comme le «président de la paix». Pour lui, pas de doute, il mérite le prix Nobel de la paix. Et ces derniers jours, il n'a eu de cesse de répéter son rôle de pacificateur dans de nombreux conflits. Lundi à la Maison Blanche, devant Zelensky, il a évoqué «six guerres que j'ai réglées». Rebelote mardi 19 août, lors d'une interview sur Fox News, et il revoit même le chiffre à la hausse. Il s'est enorgueilli d'avoir «résolu sept guerres».
Il justifie son implication par son souhait de «vouloir aller au paradis». Même s'il sait «qu'il est en bas de l'échelle», plaisante-t-il. Donald Trump a souvent utilisé son pouvoir, notamment la menace de sanctions économiques, pour intervenir cette année dans plusieurs conflits. Dans certains cas, les belligérants lui ont attribué le mérite d'avoir fait progresser la paix ou d'avoir apaisé les hostilités. Dans d'autres, son rôle est contesté, flou ou même les combats ont repris. Blick fait le point.
Israël – Iran
Le conflit de 12 jours a éclaté le 13 juin, lorsque Israël a frappé des cibles en Iran. Informé au préalable par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, Donald Trump a ensuite engagé les Etats-Unis dans des frappes contre des sites nucléaires iraniens, infligeant de lourds dégâts aux installations d’enrichissement.
Le 23 juin, Trump a annoncé brutalement un cessez-le-feu, affirmant que les Etats-Unis avaient servi de médiateur et qu’Israël avait reculé sous son impulsion. «Ce fut un grand honneur pour moi de détruire toutes les installations et capacités nucléaires, puis d’ARRÊTER LA GUERRE!», a-t-il posté sur Truth Social. Mais la durabilité de cette trêve reste incertaine.
L’ayatollah Ali Khamenei a parlé d’une «victoire décisive», sans évoquer de cessez-le-feu, tandis qu’Israël a averti qu’il pourrait frapper à nouveau en cas de nouvelles menaces. «Nous avons plus un cessez-le-feu de facto qu’une fin de guerre», estime Michael O’Hanlon, du Brookings Institution. «Mais l’affaiblissement de l’Iran par Israël, avec l’aide des Etats-Unis, a été stratégiquement important.»
Pakistan – Inde
Donald Trump s'est attribué le mérite d'avoir mis fin à l'escalade militaire entre les deux puissances nucléaires. Il a déclaré que le cessez-le-feu était le résultat d'une «longue nuit de négociations sous la médiation des Etats-Unis». Le conflit entre l'Inde et le Pakistan existe depuis des années, mais en mai, les hostilités ont repris après une attaque terroriste dans le Cachemire.
Le Pakistan a salué le rôle du président américain, et l'a recommandé pour obtenir le prix Nobel de la paix. Du côté de l'Inde, le son de cloche est différent. Le pays reconnaît le rôle de médiation des Etats-Unis, mais minimise leur implication. New Delhi affirme avoir négocié directement avec le Pakistan qui aurait demandé un cessez-le-feu sous la pression des assauts militaires indiens.
La prise de position de New Delhi n'a guère été appréciée par les Etats-Unis et a mené à une détérioration de leur relation. L'Inde est confrontée à des droits de douane écrasants de 50% de la part de Donald Trump.
Rwanda – République démocratique du Congo
La guerre fait rage depuis trois décennies entre le Rwanda et République démocratique du Congo. Les hostilités se sont intensifiées lorsque le groupe rebelle M23 s'est emparé d'un territoire riche en minéraux dans l'est de la RDC plus tôt dans l'année. En juin, les deux pays ont signé un accord de paix à Washington. Trump a qualifié cet accord de «triomphe glorieux» et indiqué qu'il contribuerait à accroître les échanges commerciaux avec les Etats-Unis.
Mais depuis, un accord global de paix a échoué et les combats meurtriers ont repris. Les deux parties s'accusent mutuellement de violer le cessez-le-feu. Le groupe M23, soutenu par le Rwanda, a même menacé de se retirer des pourparlers de paix.
Thaïlande – Cambodge
Les deux voisins d'Asie du Sud-Est se sont livrés cet été à des combats qui ont fait au moins 42 morts et plus de 300'000 déplacés. Donald Trump avait alors menacé la Thaïlande et le Cambodge de cesser toute négociation commerciale si un cessez-le-feu n'était pas trouvé. Les deux pays dépendent fortement de l'exportation vers les Etats-Unis.
Deux jours plus tard, des responsables des deux parties se sont rendus à Kuala Lumpur. Et sous l'égide, des Malaisiens et des Américains, un accord de suspension des hostilités a été signé. L'approche de Trump a été critiquée, car même si les combats ont cessé, les problèmes sous-jacents du conflit n'ont pas été traités.
Arménie – Azerbaïdjan
Donald Trump a réuni ce mois-ci les dirigeants arméniens et azerbaïdjanais à la Maison Blanche pour signer une déclaration commune visant à mettre un terme à leur conflit de longue date. Il ne s'agit pas encore d'un accord de paix, mais du premier engagement en ce sens depuis le début des combats à la fin des années 1980.
En mars, les deux gouvernements avaient déclaré qu’ils étaient prêts à mettre fin à leur conflit de près de 40 ans centré sur le statut du Haut-Karabakh. Les deux dirigeants ont salué le travail de Donald Trump, et déclaré qu'il devait recevoir le prix Nobel de la paix. «Je pense qu'il a droit à un grand crédit ici: la cérémonie de signature dans le Bureau ovale a peut-être poussé les parties à la paix», estime Michael O’Hanlon.
Egypte – Ethiopie
Un conflit militaire n'a pas éclaté entre l'Ethiopie et l'Egypte, mais de fortes tensions diplomatiques existent autour d'un barrage sur le Nil. Les observateurs craignent que la situation ne dégénère en affrontement. Le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne a été achevé cet été. L'Egypte et aussi le Soudan, s'opposent à ce projet, redoutant un débit plus faible du Nil vers leurs pays.
Et pour le coup, Donald Trump n'a pas aidé à apaiser les tensions, il les a même exacerbées. «Si j'étais l'Egypte, je voudrais l'eau du Nil», a-t-il déclaré, avant de promettre que les Etats-Unis allaient résoudre le problème rapidement. Le Caire a bien sûr salué les propos du président américain. De son côté, l'Ethiopie, a déclaré que la position de Donald Trump ne faisait qu'attiser les tensions. Aucun accord formel n'a été conclu.
Serbie – Kosovo
Fin juin, Donald Trump a affirmé avoir évité le déclenchement des hostilités entre les deux pays d'Europe de l'Est. «La Serbie et le Kosovo allaient s’affronter, ça allait être une grande guerre. J’ai dit: 'si vous vous battez, il n’y aura plus de commerce avec les Etats-Unis.' Ils ont dit: 'eh bien, peut-être qu’on ne va pas s’affronter.'»
Héritage de la guerre des Balkans dans les années 90, ces deux pays sont en conflit depuis longtemps. Les tensions se sont accrues ces dernières années. S’ils ont signé en 2020 des accords de normalisation économique à Washington, il ne s’agissait pas d’un cessez-le-feu ni d’une fin de conflit armé. Et les deux pays n'étaient pas en guerre à cette époque.