Avoir confiance en soi est une bonne chose. Certains ont toutefois tendance à se surestimer. Les hommes sont particulièrement sujet à cette confiance excessive, comme le montre un sondage réalisé aux Etats-Unis en début d'année.
Une question visait à calculer la capacité estimée du participant à faire atterrir un avion sous la direction du contrôle aérien, et ce, sans aucune expérience. Près de la moitié des hommes interrogés ont indiqué qu'ils s'en estimaient capables.
Poser un avion en tant qu'amateur, un jeu d'enfant? «Il y a une chance qu'une partie des passagers survive, déclare Christoph Regli, le responsable de la filière aviation à l'Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) à Blick. Mais la réussite d'un atterrissage en toute sécurité dépend de nombreux autres facteurs.»
Soutien du contrôle aérien
Christoph Regli lui-même a été pilote de ligne pendant quelques années. Aujourd'hui, il travaille en parallèle comme pilote indépendant et instructeur de simulateur. Si un amateur devait faire atterrir un avion de ligne, le facteur le plus important serait, selon l'expert, le contact radio avec le contrôle aérien. «Si quelqu'un du personnel au sol, qui s'y connaît bien, est connecté, les chances augmentent potentiellement», rassure le pilote.
Mais comment une telle manœuvre pourrait-elle réussir? Il faudrait d'abord entrer en contact avec le contrôle aérien via un casque. «Ensuite vient le soutien important du sol, poursuit l'instructeur. L'avion devrait être navigué jusqu'à l'aérodrome. Il faudrait penser à la descente et prévoir suffisamment de temps», explique Christoph Regli.
Finalement, le contrôle aérien devrait expliquer comment placer les volets, sortir le train d'atterrissage et réduire la vitesse. C'est là que les choses deviennent délicates. Dès que les roues touchent le sol, il faut freiner! Une fois que l'engin est ralenti, le moteur est arrêté et on peut se laisser porter par les applaudissements des passagers. La mission d'atterrissage est réussie.
«Rien ne vaut l'expérience du terrain»
«Il n'y a pas de garantie d'un atterrissage sûr», souligne Christoph Regli. «Beaucoup de choses dépendent de la communication avec le contrôle aérien. Selon le type d'avion, le risque d'un atterrissage brutal est grand. L'appareil pourrait se briser, un incendie pourrait déclarer.»
Ce n'est donc pas aussi simple. Au début d'une formation de pilote, il y a aussi, et surtout, beaucoup de théorie: météorologie, communication, technique de vol, navigation, aérodynamique... et même psychologie. «En pratique, on s'exerce beaucoup dans le simulateur de vol», explique le professeur de la ZHAW.
Quand on commence la pratique, on prend d'abord les commandes des petits avions, avant d'accéder au poste de premier officier dans les grands avions de ligne. «Une fois que l'on a acquis beaucoup d'expérience, on devient commandant de bord. C'est un processus long et coûteux», rappelle le professionnel des airs.
Mais que les amateurs restent humbles: le simulateur de vol ne suffit pas à lui seul. «Il aide à se familiariser avec le système, admet Christoph Regli. Mais il n'aide pas à ressentir les sensations de l'avion. Pour ça, rien ne vaut l'expérience du terrain.»