La Russie utilise depuis plusieurs années des drones kamikazes dans la guerre en Ukraine. Initialement fournis par l'Iran, ces drones ont été modernisés et développés par la Russie, qui les utilise désormais comme une arme hybride, combinant les caractéristiques d’un drone et d’un missile. Appelés Geran-3, ils sont actuellement produits en série.
Plus rapide et plus précis
Le Kremlin semble toutefois vouloir aller plus loin: au mois mai, des médias ukrainiens et américains ont rapporté de manière concordante que la Russie développait une version plus puissante du drone Geran. Contrairement à son prédécesseur, ce modèle est propulsé par un moteur à réaction et peut atteindre des vitesses de 660 km/h, voire 700 km/h en piqué.
De plus, sa capacité de charge a été considérablement augmentée: il peut transporter jusqu’à six fois plus d'explosifs. Alors que le Geran-2 pouvait emporter des charges de 50 kilogrammes, le Geran-3 en porte désormais 300. Le drone a été observé pour la première fois sur le terrain, selon le blogueur militaire «Wartranslated» sur X.
Selon le portail «Defense Express», le Geran-3 a été utilisé lors d'une attaque contre Kiev début juin. Des composants récupérés lors de l’attaque ont confirmé qu'il s'agissait bien de ce modèle plus avancé.
La défense ukrainienne sous pression
L’augmentation de la vitesse du Geran-3 rend plus difficile la défense de l’Ukraine. Par ailleurs, l'amélioration de sa navigation est inquiétante: le drone utiliserait l'intelligence artificielle pour analyser les enregistrements vidéo de l'environnement et ajuster sa trajectoire en temps réel. Quant à son moteur à réaction, il serait une réplique illégale d’un moteur de fusée tchèque.
Le ministère russe de la Défense n’a pas encore confirmé la production du Geran-3. Les informations disponibles proviennent de sources non officielles, notamment de blogueurs militaires et de services de renseignement occidentaux et ukrainiens. A ce jour, ce drone ne semble être utilisé que de manière isolée.
Actuellement, les autorités ukrainiennes se concentrent principalement sur l’énorme quantité de drones Geran-2 déployés. Selon les données ukrainiennes, plus de 28'000 de ces drones ont été tirés depuis septembre 2022, dont 10% uniquement au mois de juin.
«Un impact dévastateur pour les civils»
Le think tank américain Center for Strategic and International Studies (CSIS) considère la stratégie russe comme un moyen de «mettre à l’épreuve la défense aérienne ukrainienne et de briser le moral de la population avec des attaques nocturnes incessantes».
Les Nations unies alertent sur l’impact de ces attaques. Selon une déclaration du 11 juin, «cette année est particulièrement dévastatrice pour les civils à travers l’Ukraine. Jusqu'à présent, le nombre de personnes tuées et blessées est nettement supérieur à celui de l'année dernière à la même période.» Si le Geran-3 est désormais utilisé, cela ajoutera encore plus de pression sur la défense antiaérienne ukrainienne, déjà soumise à une pression extrême.