Vilnius et Bruxelles ont dénoncé lundi une «attaque hybride» bélarusse après l'intrusion en Lituanie de dizaines de ballons transportant des cigarettes de contrebande, et qui ont entraîné la fermeture temporaire des aéroports de Vilnius et Kaunas. «Nous considérons cela comme une attaque hybride», a déclaré la Première ministre, Inga Ruginiene, à des journalistes, ajoutant qu'elle considérait l'inaction de Minsk pour arrêter les lancements de ballons comme un signe de l'implication des autorités.
En réponse, la Lituanie a fermé lundi les deux derniers points de passage frontaliers avec le Bélarus, allié de la Russie, et doit décider mercredi de la durée d'application de cette mesure. La fermeture de la frontière est un «signal envoyé au Bélarus pour dire qu'aucune attaque hybride ne sera tolérée», selon Mme Ruginiene.
Ballons abattus
La Lituanie a reçu le soutien de plusieurs capitales européennes ainsi que de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qui a évoqué une «menace hybride». «C'est de la déstabilisation, c'est de la provocation», a-t-elle affirmé sur son compte X. Vilnius a précisé que l'armée lituanienne abattrait désormais les ballons qui entreraient illégalement sur son territoire, sans dévoiler quelles armes seraient utilisées pour les cibler. «C'est une information sensible», a dit Mme Ruginiene.
La contrebande de tabac est une source de revenus pour les autorités de Minsk, selon l'opposition bélarusse. La semaine dernière, plusieurs personnes ont été arrêtées en Lituanie après avoir tenté de récupérer les cigarettes transportées par les ballons.
Minsk balaie les accusations
Le ministre bélarusse des Affaires étrangères, Maxim Ryzhenkov, a récusé les accusations de Vilnius, y voyant une «provocation» lituanienne destinée à justifier «des actions contre le Bélarus, contre la Russie». Le chargé d'affaires lituanien au Bélarus a été convoqué au ministère bélarusse des Affaires étrangères où il s'est vu remettre une note de protestation.
La fermeture des passages terrestres à la frontière lituano-bélarusse complique entre autres la communication avec l'enclave russe de Kaliningrad, nombre de marchandises passant en transit par la Lituanie. Le gouverneur de Kaliningrad, Alexeï Besprozvannykh, a ainsi dénoncé sur le réseau Telegram une «violation des conditions de l'adhésion de la Lituanie à l'Union européenne en 2004».
En 2021, Vilnius et Bruxelles ont déjà accusé Minsk d'orchestrer une crise migratoire aux frontières orientales de l'UE en réponse aux sanctions imposées à la suite de la répression brutale de l'opposition bélarusse, qualifiant également cela d'attaque hybride.