Officiellement, Volodymyr Zelensky répète qu’aucun territoire ukrainien ne sera cédé à la Russie et que l’intégrité territoriale doit être pleinement rétablie. Mais en coulisses, des responsables occidentaux avancent que Kiev pourrait, dans le cadre d'un plan de paix soutenu par plusieurs capitales européennes, accepter de geler la ligne de front actuelle, rapporte «The Telegraph» lundi 11 août.
Ce compromis reviendrait à laisser Moscou conserver de facto les zones déjà occupées – Crimée, ainsi que des parties de Louhansk, Donetsk, Zaporijia et Kherson. Volodymyr Zelensky rejette toutefois toute cession supplémentaire et exige des garanties solides, comme la livraison continue d’armes et une voie claire vers l’adhésion à l’OTAN.
Cette possible ouverture intervient à quelques jours d’une rencontre prévue vendredi entre Donald Trump et Vladimir Poutine en Alaska. De leur côté, les dirigeants européens ont exprimé leur soutien à la ligne rouge de Zelensky: pas de concessions sur les territoires encore sous contrôle ukrainien.
Le but russe
Les diplomates européens affirment qu'il n'y a pas eu de changement notable dans les objectifs de guerre de Poutine. Celui-ci viserait à renverser le gouvernement ukrainien tourné vers l'Occident pour le remplacer par des politiciens favorables à Moscou. Selon un rapport de l’Institute for the Study of War, un groupe de réflexion basé à Washington, la Russie souhaiterait toujours la «capitulation totale» de Kiev, y compris le blocage de toute perspective d’adhésion à l’OTAN et de démilitarisation.
Lundi soir, Volodymyr Zelensky a encore déclaré qu'il n'y avait aucun signe que la Russie se préparait à mettre fin à la guerre malgré les pourparlers de paix imminents. «Au contraire, ils déplacent leurs troupes et leurs forces de manière à lancer de nouvelles opérations offensives», a-t-il déclaré, citant un rapport des services de renseignement ukrainiens.
Les responsables européens estiment que Volodymyr Zelensky dispose d'une petite marge de manœuvre. Si un nombre croissant de ces électeurs soutient la cessation de terres à Moscou, comme prix à payer pour mettre fin à cette guerre, ils ne sont pas prêts à céder à toutes les demandes. De plus, selon la constitution ukrainienne, le président doit soumettre cette proposition au vote national.
Vers une paix imposée?
La Russie occupe actuellement 20% du territoire ukrainien, conformément aux frontières internationalement reconnues de Kiev en 1991. A Kiev comme en Europe, la crainte est que Trump et Poutine négocient un cessez-le-feu sans consultation directe de l’Ukraine. Le président américain a confirmé qu’«il y aura probablement des échanges de territoires», affirmant vouloir récupérer «une partie de ce territoire» pour Kiev. Il a qualifié la rencontre de vendredi de «réunion exploratoire» et dit pouvoir juger «dans les deux premières minutes» si un accord est possible.
Plusieurs dirigeants européens, dont Emmanuel Macron, Friedrich Merz et Donald Tusk, réaffirment que les frontières ne peuvent être modifiées par la force et soutiennent la position de Kiev. Londres et Ottawa insistent, eux aussi, sur le fait que toute paix doit être négociée avec l’Ukraine et non imposée depuis l’extérieur.