Pendant près d’une heure à la tribune des Nations unies (ONU), Donald Trump a livré sa vision du monde dans sa forme la plus brute. Sans prompteur, il s’est lâché mardi 23 septembre, multipliant attaques et provocations, épargnant seulement sa propre personne. Immigration, politique étrangère, climat, légitimité de l’ONU, Russie… rien n’a échappé à son tir nourri, jusqu’à revendiquer un futur prix Nobel.
Six ans après avoir été tourné en dérision dans cette même enceinte, le président américain a cette fois été écouté dans un silence pesant. Retour sur les 5 moments forts de son discours.
Une attaque frontale sur l'immigration
Trump a utilisé une bonne partie de son temps pour faire la leçon à l'Europe et dénoncer sa politique migratoire. Selon le président américain, ouvrir les frontières est une erreur qui détruirait les racines et l'héritage européen. «Une fois que nous avons commencé à détenir et à expulser tous ceux qui traversaient la frontière – et à expulser les immigrants illégaux des Etats-Unis – ils ont tout simplement cessé de venir», a-t-il déclaré, invitant ses alliés européens à suivre son exemple.
Donald Trump a également accusé l'ONU de «financer une attaque contre les pays occidentaux» en soutenant les demandeurs d'asile. Et il a lancé un avertissement cinglant: «Il est temps de mettre fin à l’expérience ratée des frontières ouvertes. Vous devez y mettre fin maintenant. Je vous le dis, je suis vraiment doué pour ça. Vos pays vont droit en enfer.»
Le climat qualifié de «plus grande arnaque»
Trump a ridiculisé les politiques climatiques et les énergies vertes, qualifiant le changement climatique de «plus grande escroquerie jamais perpétrée dans le monde». Il a exhorté les autres nations à abandonner les mesures environnementales visant à réduire les émissions carbones, accusant les scientifiques de s’être «trompés» ou d’être «stupides».
Pourtant, l’écrasante majorité des climatologues s’accorde à dire que le réchauffement est bien réel et qu’il est principalement causé par la combustion des énergies fossiles. Ses effets se font déjà sentir: des inondations toujours plus extrêmes et meurtrières, des sécheresses qui se multiplient et des vagues de chaleur de plus en plus dangereuses.
Des propos ambigus sur l'Ukraine et Gaza
Sur les conflits en Ukraine et à Gaza qu'il avait promis de résoudre facilement, Trump n’a rien annoncé de décisif. Il a toutefois reconnu que malgré ses bonnes relations avec Vladimir Poutine, mettre fin à la guerre en Ukraine s'avérait plus difficile que prévu. Mais il a surtout pointé du doigt les Européens, dénonçant leurs achats d’énergie russe: «C’est embarrassant pour eux, et ils l’ont été encore plus lorsque je l’ai appris», a-t-il lancé, estimant que ces transactions faisaient perdre «un temps précieux» à tous.
Si l’Europe a fortement réduit ses importations de pétrole russe depuis l’invasion de l’Ukraine, elle continue néanmoins à acheter du gaz. La Hongrie et la Slovaquie concentrent l’essentiel de ses achats de pétrole. Après son discours, Trump a toutefois durci son ton en privé, suggérant que l’OTAN devrait abattre les avions russes en cas de violation de l’espace aérien, et affirmant que l’Ukraine pouvait «reprendre tout son territoire».
Concernant Gaza, il a dénoncé l’élan grandissant en faveur d’une solution à deux Etats à l’ONU, la qualifiant de «récompense» pour le Hamas. Il a réitéré ses appels à un cessez-le-feu et à la fin des combats, jusque-là restés sans effet. Pourtant, le 18 septembre, les Etats-Unis ont une nouvelle fois bloqué au Conseil de sécurité l’adoption d’un texte réclamant un cessez-le-feu et un accès humanitaire à Gaza.
L'ONU dans le viseur
Profitant de dysfonctionnements, Donald Trump a tourné en dérision son hôte: «Les deux choses que j'ai eues des Nations unies, c'est un escalier mécanique défaillant et un téléprompteur défaillant.» Mais le président a surtout remis en cause l’utilité même de l’institution, l’accusant de se limiter à «écrire des lettres très fermes sans jamais y donner suite».
Trump n’est pas le seul à remettre en cause l’efficacité de l’ONU, dont l’influence s’est largement affaiblie ces dix dernières années. Un Conseil de sécurité paralysé et une bureaucratie lourde ont entravé la capacité de l’organisation à remplir sa mission de promotion de la paix et de la stabilité.
Mais Trump a contribué à accentuer ce déclin. Sous sa présidence, les Etats-Unis ont drastiquement réduit leur contribution financière, coupant dans l’aide humanitaire et les opérations de maintien de la paix. Washington s’est aussi retiré de plusieurs agences clés, qu’il s’agisse de la culture, de la santé ou des droits humains, affaiblissant encore l’image et le rôle de l’institution.
Un «âge d'or américain»
Dès les premières minutes de son discours, Donald Trump a choisi de commencer par un hommage appuyé aux Etats-Unis et… à lui-même. Il a décrit son pays comme traversant un «âge d’or», vantant une prospérité retrouvée, une puissance militaire intacte et un rôle de leader mondial grâce à sa présidence.
Fidèle à son style, il a revendiqué avoir «mis fin à sept guerres» au cours de son mandat et laissé entendre que cette réussite lui valait un prix Nobel de la paix. Un bilan controversé remis en cause par les experts. Mais la glorification par Trump de son bilan contrastait fortement avec le reste de son allocution, dans laquelle il s’en est pris tour à tour à ses alliés, à l’ONU et à l’Europe. Le président américain se pose ainsi comme la seule figure capable de restaurer l’ordre dans un monde qu’il a décrit comme en plein chaos.