Témoins d'une attaque de roquette israélienne
Un couple de voyageurs zurichois a fuit l'Iran sous les missiles

Depuis octobre 2024, les Zurichois Natascha et David font le tour du monde, notamment à vélo. Leur dernière étape les a menés en Iran, au moment même où Israël lançait une attaque majeure. Aujourd’hui, le couple se trouve en Turquie, après une fuite difficile.
Publié: 11:08 heures
Partager
Écouter
1/4
Le couple s'est réfugié en Turquie.
Photo: Instagram/tourdeuxnada
RMS_Portrait_AUTOR_519.JPG
RMS_Portrait_AUTOR_758.JPG
Johannes Hillig et Natalie Zumkeller

Deux vélos, quatre sacoches, et la promesse de l'aventure. Un couple de Zurichois a tout abandonné en Suisse pour faire le tour du monde sur leur petite reine: c'est un rêve de toujours qu'ont réalisé Natascha et David. 

Partis en octobre 2024, leur itinéraire les a amenés sur les routes italiennes, slovènes et balkaniques avant d'atteindre la Grèce. Leur route s'est ensuite poursuivie vers la Turquie, la Géorgie puis... l'Iran. Mais le moment était mal choisi pour visiter l'ancien empire perse. 

Si le contexte du pays est déjà terrible (le peuple iranien subit une répression sanglante depuis l'instauration de la République islamique), Israël a en plus de cela lancé le 13 juin une attaque de grande envergure contre l'Iran, bombardant depuis ses installations militaires et nucléaires.

Lorsque les premiers missiles se sont abattus sur le pays, le couple suisse se trouvait sur la route d'Asalem, dans le nord-ouest de l'Iran.

Coincés au poste de police

«Vu l'ambiance, on n'aurait jamais pu imaginer ce qui venait de se passer», nous confient les voyageurs à vélo. Ils décrivent une atmosphère étonnante sur place: «Pas de panique, pas de fuite massive. Au lieu de cela, les gens étaient assis tranquillement et mangeaient». 

«
Ce fut très éprouvant émotionnellement de ne jamais savoir ce qui allait arriver ensuite
Natascha et David
»

Mais la situation a rapidement changé. «De longues files d’attente se sont formées devant les stations-service. Beaucoup craignent désormais pour leur approvisionnement de base, c’est pourquoi tout le monde essaie de faire des réserves de carburant et de nourriture.»

Les Suisses ont d’abord poursuivi leur route. Mais trois jours après l’attaque de grande ampleur, ils décident de quitter le pays. Pas seulement à vélo, mais aussi en voiture. Ils trouvent une place à bord d’un pick-up, et tombent directement sur un contrôle de police. «Evidemment, on n’a pas vraiment l’air iranien, alors ça ne nous a pas surpris qu’on soit arrêtés.» Eux et leurs affaires sont fouillés de fond en comble.

Ils ont été témoins des attaques sur l'aéroport

Sur place, il n’y a pas seulement la police, mais aussi l’armée. «Nous pensons qu’ils nous ont pris pour des espions», expliquent-ils. En effet, les agents ont découvert des croquis étranges dans le carnet de David. 

«En Grèce, nous avons fabriqué un distributeur de nourriture pour poulets, et David en avait dessiné le plan. C’est un peu inhabituel et pas évident à comprendre au premier regard. Nous leur avons montré une photo, et ils ont fini par sourire», raconte Natascha. Finalement, les Zurichois ont pu poursuivre leur route. 

Le 18 juin, ils arrivent à Tabriz, dans le nord-ouest de l’Iran, où ils doivent passer la nuit. «Dans la nuit, David a entendu un fracas dehors, un bruit qu’il n’avait jamais entendu auparavant. Il n’y a pas vraiment prêté attention. Le lendemain, les habitants nous ont appris que l’aéroport près de la ville avait été attaqué durant la nuit.» Le lendemain, ils reprennent la route. En taxi, ils atteignent enfin la frontière turque.

Fuite massive en Turquie

Sur la route jusqu’au poste frontière, surtout dans les 50 derniers kilomètres, ils ont croisé de nombreux taxis, ce qui signifiait aussi beaucoup de monde aux douanes. En tant que Suisses, ils ont été prioritaires, mais d’autres rencontraient des difficultés. La situation s’est tendue. 

«Plusieurs tentaient de forcer le passage, parfois par la violence». On leur a également raconté que le poste frontière avait été attaqué la veille encore, causant la mort de trois personnes.

Les hôtels en Turquie pris d'assaut

Les Suisses sont soulagés d’être en sécurité, désormais dans un hôtel en Turquie. «Beaucoup d’hôtels sont déjà complets, tant de personnes ont fui.» Les derniers jours ont pesé sur le couple, la fuite a été éprouvante. «Ce fut très éprouvant émotionnellement, ne jamais savoir ce qui allait arriver ensuite.»

Ils n’avaient pas forcément peur d’être tués par une attaque de missiles, mais «c’est l’incertitude qui était le plus difficile à supporter.» Et pour la suite de leur aventure? «Nous ne savons pas encore»! 

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la