Serrage de vis en matière d'asile
Le Royaume-Uni cantonne ses requérants d'asile sur un «bateau-prison»

Le gouvernement britannique tente d'appliquer la politique d'asile sévère promise dans le cadre du Brexit. Les requérants d'asile sont placés sur des bateaux et ceux entrés illégalement sont expulsés d'office. A terme, Rishi Sunak mise sur leur déportation.
Publié: 12.08.2023 à 17:02 heures
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Dernière mise à jour: 12.08.2023 à 17:05 heures
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Le navire-caserne Bibby Stockholm, construit en 1976, a déjà accueilli des sans-abri, des demandeurs d'asile et des travailleurs de plateformes pétrolières ces dernières années à Hambourg et aux Pays-Bas. Mais aujourd'hui, le nombre de passagers a doublé.
Photo: AFP
Myrte Müller

Un petit groupe de riverains se tient devant la porte en fer qui mène au quai. C'est là, isolé derrière des clôtures de plus de quatre mètres de haut, que le Bibby Stockholm est amarré. Long de 100 mètres et haut de trois étages, il a l'allure d'un bâtiment préfabriqué. A bord, on y trouve 222 cabines avec lits superposés. Plus de 500 hommes âgés de 18 à 65 ans s'y entasseront bientôt. Le navire-caserne géant, construit en 1976, a déjà un surnom amer: le «bateau-prison».

Les citoyens présents en ce mardi matin pluvieux ont préparé des paquets de bienvenue: du shampoing, du savon, un bloc-notes et des crayons, un plan de la ville et une liste de numéros de téléphone utiles. Ils les donnent aux premiers réfugiés qui s'installent dans le centre d'asile flottant du port de Portland, au sud de l'Angleterre.

Promesse du Brexit non tenue

Les conservateurs britanniques n'ont pas tenu la grande promesse du Brexit de fermer les frontières aux réfugiés. La Grande-Bretagne compte plus de 230'000 réfugiés sur son sol. Rien que l'année dernière, 45'000 migrants sont entrés illégalement au Royaume-Uni, 13'000 depuis le début de l'année. 130'000 personnes attendent l'aboutissement de leur procédure d'asile. Les centres d'accueil anglais sont saturés. C'est pourquoi 50'000 demandeurs d'asile vivent dans des hôtels. Coût de cet hébergement: 6 millions de livres (6,6 millions de francs) par jour.

La situation est jugée intenable. C'est pourquoi le gouvernement a décidé d'agir. Mais le Bibby Stockholm n'est qu'un début, dit-on au Home Office, le département britannique en charge de la migration. Il est prévu de répartir prochainement plus de 3000 demandeurs d'asile sur deux autres bateaux et trois casernes militaires désaffectées. L'objectif à long terme est toutefois de réduire à zéro le nombre de requérants d'asile en attente d'une décision.

Déporter les requérants?

En juillet 2023, le Parlement britannique a adopté un projet de loi controversé qui doit encore être approuvé par le roi Charles III. La loi interdit aux réfugiés entrés illégalement de demander l'asile et permet leur expulsion immédiate. Le gouvernement mise ainsi sur la dissuasion.

Le Premier ministre Rishi Sunak espère faire peur aux exilés qui voudraient tenter une entrée irrégulière au Royaume-Uni. Les procédures d'asile devraient être effectuées dans des pays tiers, par exemple au Rwanda. Cette solution a toutefois dû être mise en veilleuse en juin 2023. Une cour d'appel londonienne avait jugé le plan comme étant illégal en indiquant que le Rwanda n'était pas un pays sûr.

Les conservateurs défendent maintenant une nouvelle variante: les demandeurs d'asile pourraient être déportés sur l'île de l'Ascension. Cette île de 88 kilomètres carrés située dans l'Atlantique Sud, entre l'Afrique et l'Amérique du Sud, fait partie des territoires britanniques d'outre-mer et est très éloignée de la Grande-Bretagne.

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