Réunion d'urgence de l'ONU
Le Cambodge appelle à un «cessez-le-feu immédiat» avec la Thaïlande

Le Cambodge demande un cessez-le-feu immédiat avec la Thaïlande lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU. Les affrontements frontaliers ont fait 33 morts en deux jours et déplacé plus de 150'000 personnes.
Publié: 06:16 heures
Partager
Écouter
Les affrontements ont contraint plus de 150'000 personnes à évacuer les régions proches de la frontière.
Photo: AFP
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse

Le Cambodge a réclamé vendredi un «cessez-le-feu immédiat» et «inconditionnel» avec la Thaïlande lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur les affrontements entre les deux voisins. Les combats ont fait au moins 33 morts en deux jours.

Ce différend frontalier couve de longue date et a dégénéré jeudi en affrontements d'une violence jamais vue depuis 2011, impliquant des avions de combat, des chars d'assaut, des troupes au sol et des tirs d'artillerie.

«Le Cambodge a demandé un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et nous avons également appelé à une résolution pacifique du conflit», a déclaré l'ambassadeur du pays à l'ONU, Chhea Keo, à l'issue de cette réunion à huis clos. Les deux pays s'accusent mutuellement d'avoir ouvert le feu en premier et défendent leur droit à se défendre.

Plus de 150'000 personnes déplacées

«Comment peuvent-ils [les Thaïlandais, ndlr] nous accuser, nous un petit pays avec une armée trois fois plus petite, sans force aérienne», d'attaquer «un grand voisin», a fait valoir Chhea Keo. Le ministère cambodgien de la défense a indiqué samedi que 13 personnes avaient été tuées et 71 autres blessées du côté cambodgien. L'armée thaïlandaise a pour sa part indiqué que cinq soldats avaient été tués vendredi, ce qui porte le bilan à 20 morts du côté thaïlandais (14 civils et six militaires).

Les affrontements ont contraint plus de 138'000 personnes à évacuer les régions thaïlandaises adossées à la frontière. Du côté du Cambodge, plus de 35'000 personnes ont dû fuir leurs domiciles.

La Thaïlande prête à négocier

Le Conseil de sécurité a de son côté «appelé les deux parties à la retenue et à une solution diplomatique. C'est ce que nous demandons aussi», a dit Chhea Keo. Aucun autre participant à cette réunion d'urgence demandée par le Cambodge n'a souhaité s'exprimer.

Vendredi, les tirs d'artillerie étaient encore audibles du côté cambodgien de la frontière. Mais la Thaïlande a laissé la porte ouverte à des négociations, avec la Malaisie comme possible intermédiaire.

«Nous sommes prêts, si le Cambodge souhaite régler cette question par la voie diplomatique, de manière bilatérale ou même par l'intermédiaire de la Malaisie. Nous sommes prêts à le faire. Mais jusqu'à présent, nous n'avons reçu aucune réponse», a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère thaïlandais des affaires étrangères, avant la réunion à l'ONU.

Une frontière contestée

La Malaisie préside actuellement l'association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), dont la Thaïlande et le Cambodge sont tous deux membres. Un peu plus tôt, le premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, avait prévenu que l'aggravation des affrontements pourrait conduire à «une guerre».

Ces combats constituent une escalade majeure dans le conflit de longue date entre le Cambodge et la Thaïlande, au sujet de leur frontière commune de 800 kilomètres. Les deux voisins contestent son tracé, défini durant l'Indochine française.

Une décision de la Cour internationale de justice de l'ONU en 2013 a réglé le problème pendant plus d'une décennie, mais la crise actuelle a éclaté en mai lorsqu'un soldat cambodgien a été tué lors d'un échange nocturne de tirs dans la zone du «triangle d'émeraude».

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la