Poutine tire les ficelles
La Chine joue un double jeu et Trump tombe dans le panneau

Au lieu de se rendre à Budapest pour rencontrer Vladimir Poutine, Donald Trump se rend à Busan pour rencontrer Xi Jinping. Le président américain veut «tout» régler avec le président chinois, y compris la guerre en Ukraine. Mais une déception pourrait bien l'attendre...
Publié: 06:20 heures
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Dernière mise à jour: 08:26 heures
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Le président américain et le dirigeant chinois se rencontreront jeudi prochain à Busan, en Corée du sud.
Photo: AFP
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Samuel Schumacher

D’après le journal britannique «The Times», la Chine et la Russie auraient envoyé pendant des années des espionnes aux Etats-Unis pour approcher des experts en technologie et des entrepreneurs. Objectif? Mettre la main sur les secrets commerciaux américains, dans un contexte de rivalité de plus en plus tendue entre Washington, Moscou et Pékin.

L'Empire du Milieu a certes réagi au coup de massue punitif de Trump contre les géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil en milieu de semaine en décidant de ne plus acheter de pétrole russe par voie maritime pour le moment. Mais le commerce se poursuit pourtant par le biais des oléoducs et des canaux privés. Malgré ce geste symbolique, la Chine ne renonce donc pas à son amitié avec la Russie, profitant même du conflit en Ukraine pour renforcer sa position.

Mais tout devrait s'éclaircir jeudi prochain. Le président américain Donald Trump rencontrera son homologue chinois Xi Jinping en Corée du Sud afin de conclure «un accord sur tout»: accords douaniers, commerciaux, et surtout la fin de la guerre en Ukraine. Le président américain espère que le dirigeant chinois le soutiendra dans son plan de paix. Mais Donald Trump pourrait bien repartir déçu. Il semblerait que la Chine ait ses propres raisons de ne pas vouloir mettre fin à la guerre.

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La guerre tient les Etats-Unis à l'écart

Déjà sous le président Barack Obama, les Etats-Unis avaient tenté de se détacher de l'Europe et de passer d'une diplomatie transatlantique à une diplomatie transpacifique. Cela n'a jamais abouti.

Tant que la guerre en Ukraine fera rage, les ressources militaires et diplomatiques des Etats-Unis resteront liées au Vieux Monde. Cela ouvre à la Chine toutes sortes de possibilités, par exemple celle de provoquer l'Etat insulaire de Taïwan, que Pékin souhaite annexer.

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Les Russes restent dépendants de la Chine

La Russie est bannie du marché européen et nord-américain. Mais les 144 millions de Russes doivent bien s'approvisionner quelque part. Actuellement, la Russie produit essentiellement des biens militaires dans ses entreprises nationales. Elle achète donc tout le reste à la Chine. Ainsi, plus de la moitié des voitures achetées en Russie y sont désormais fabriquées.

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La Chine apprend tous les jours

Depuis la création de l'Etat en 1949, la République populaire de Chine n'a pratiquement jamais engagé son armée dans des situations d'urgence, si l'on fait abstraction des combats de répression contre les Tibétains et les Ouïgours, considérés par Pékin comme relevant de la «politique intérieure». Des affrontements à la frontière sino-indienne ont eu lieu de temps à autre, tout comme des provocations envers Taïwan, mais pas de guerre effective.

Avec la guerre en Ukraine, Pékin apprend désormais chaque jour quelles sont les faiblesses des armées occidentales, comment se déroule la guerre de front moderne et quels sont les armes et les systèmes qui comptent vraiment. Des leçons très précieuses...

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Pékin se positionne comme puissance pacifique

Xi Jinping utilise le décor de la guerre en Ukraine pour se présenter comme un pacificateur bien intentionné devant les milliards de téléspectateurs du Sud mondial.

«Xi m'a dit qu'il ne vendrait pas d'armes aux Russes. Mais je sais une chose: la Chine aide les Russes, pas nous», a déclaré cette semaine le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Du point de vue chinois, mettre fin au conflit reviendrait à perdre l’opportunité de se présenter en tant que puissance pacifique.

Conclusion?

Le président chinois ne touchera pas à «l'amitié sans frontières» que Vladimir Poutine et lui-même se sont jurés trois semaines à peine avant le début de la guerre, lors des Jeux olympiques d'hiver à Pékin. Et ceci même sous la pression de Donald Trump.

Le Chinois pourrait lancer quelques appâts à l’Américain: un retour des achats de soja suspendus, autrefois un marché de 12 milliards pour les États-Unis, ou quelques concessions sur les terres rares, indispensables aux technologies américaines. Mais pour le «bon ami» de Pékin, Vladimir Poutine, rien ne bouge. Le Russe peut donc aborder la rencontre de Busan sereinement. 

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