Un minuscule missile de la taille d'une baguette de pain pourrait bien devenir l’un des atouts les plus efficaces pour contrer Poutine. Long de seulement 65 cm, le Mark 1 est déjà présenté comme une innovation majeure pour repousser les drones russes envoyés en Ukraine. Les premières livraisons à travers l’Europe sont attendues début 2026.
Développé par l’entreprise estonienne Frankenburg Technologies, le Mark 1 cumule les atouts: compact, rapide à produire, peu coûteux et efficace. La société a implanté des usines dans deux pays de l’OTAN afin de pouvoir assembler plusieurs centaines de missiles par jour.
Son directeur général, Kusti Salm, affirme qu’il s’agit d’«une capacité appelée à devenir indispensable dans le monde occidental». S’adressant au «Telegraph», lundi 10 novembre, ce fabricant d’armements qui assume ses choix, a ajouté que ces armes sont conçues pour abattre des drones russes.
Un missile «suffisant»
Présenté comme le plus petit missile guidé au monde, le Mark 1 est conçu pour intercepter des aéronefs sans pilote (UAV) lents et volant bas, souvent déployés en essaims. Il dispose d’une portée d’environ 2 km, comparable à l’altitude de vol des Shahed-131 et Geran-2, et peut atteindre 1200 km/h. L’objectif n’est pas la surperformance, mais l’efficacité à moindre coût: un missile «suffisant». Ses limites? Des performances réduites par les températures extrêmes, qu’elles soient désertiques ou polaires.
Selon l’entreprise, 53 tirs réels avaient été effectués en septembre. la moitié ont atteint leur cible. Frankenburg Technologies espère porter ce taux de réussite à 90%. Le système repose sur une guidance autonome et des lanceurs mobiles, intégrés à une défense anti-drones multicouche.
Le prix, le nerf de la guerre
Le coût demeure l’enjeu central. Le 9 septembre, l’OTAN a mobilisé des F-16 pour intercepter une vingtaine de drones, supposément lancés depuis la Russie, ayant franchi la frontière polonaise: des missiles à 530'000 francs ont été tirés sur des Shahed valant dix fois moins et la moitié ont manqué leur cible.
Une stratégie difficilement soutenable pour les alliés. En réaction, les dirigeants européens ont promis la création d’un «mur de drones» sur le flanc est de l’OTAN, combinant guerre électronique et systèmes d’interception. Le Mark 1 pourrait y trouver toute sa place. Son prix devrait rester sous la barre des 42'000 francs, selon son concepteur qui n'a pas encore révélé précisément le prix d'un missile.
Des pointures du domaine
Pour concevoir ce missile à bas coût, Frankenburg Technologies s’est entourée d’une équipe d’élite. Andreas Bappert, ingénieur en chef, a contribué au développement du système de défense IRIS-T, utilisé par l’OTAN et l’Ukraine. La société a aussi recruté l’ancien responsable du missile Spear III chez MBDA UK, ainsi que des ingénieurs lettons.
«Il n’existe pas de manuels d’initiation à la fuséologie sur Amazon», souligne le directeur. Il affirme attirer des experts désireux de mettre leur savoir-faire au service d’une cause: «Mettre fin à cette folie.» Reste désormais à voir si le Mark 1 tiendra ses promesses face à l’épreuve du terrain.