Les soutiens européens de l'Ukraine se réunissent jeudi à Paris pour montrer à Donald Trump qu'ils sont prêts à fournir des garanties de sécurité à Kiev, dès la fin des hostilités avec la Russie, si Washington assure leurs arrières et met la pression sur Moscou. Volodymyr Zelensky, arrivé à Paris mercredi, retrouvera Emmanuel Macron et les chefs d'Etat et de gouvernement de la «coalition des volontaires», principalement européens.
Sont notamment attendus le Britannique Keir Starmer, l'Allemand Friedrich Merz ou le Polonais Donald Tusk, pour certains en visioconférence. Face à un Donald Trump imprévisible et confrontés à un président russe plus inflexible que jamais, dont les armées grignotent implacablement l'Ukraine, la coalition veut montrer qu'elle est déterminée à ne pas lâcher Kiev et à ne pas être marginalisée, ou tout bonnement ignorée, si Washington et Moscou venaient à négocier le règlement du conflit.
«L'Europe est au rendez-vous, pour la première fois avec ce niveau d'engagement et d'intensité», a déclaré mercredi soir Emmanuel Macron en accueillant Volodymyr Zelensky. Le chef d'Etat français a assuré que le travail préparatoire était «achevé» et que les Européens sont désormais «prêts» à «apporter les garanties de sécurité à l'Ukraine et aux Ukrainiens, le jour où une paix est signée».
La Russie menace l'Europe
«Je m'attends à avoir demain, ou peu de temps après, une idée claire de ce que nous pouvons accomplir collectivement» pour garantir la sécurité de l'Ukraine, a par ailleurs dit le secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte. Mais le projet d'ensemble, qui prévoit notamment la poursuite du soutien matériel et financier à l'armée ukrainienne et le déploiement de troupes européennes au sol pour dissuader la Russie, reste soumis à l'arrêt des combats sur le terrain.
Il est en outre conditionné à'assurance que les Etats-Unis fourniront certains moyens militaires indispensables aux Européens. Ce «filet de sécurité» américain, ou «backstop» en anglais, pourrait prendre différentes formes - renseignement, soutien logistique, communications - le président américain ayant exclu l'envoi de troupes américaines au sol.
La Russie a répété jeudi qu'elle n'accepterait aucune «intervention étrangère quelle qu'en soit la forme». La porte-parole de sa diplomatie Maria Zakharova a qualifié les protections demandées par Kiev de «garanties de danger pour le continent européen».
Trump hausse le ton face à Poutine
Au delà du soutien matériel américain, les Européens veulent aussi pousser Donald Trump qui s'est dit «très déçu» de l'attitude du président russe, à tirer les conséquences de son échec à amener Vladimir Poutine à négocier réellement. «Nous sommes capables, à l'égard de nos partenaires américains, de tenir les engagements pris. A charge pour eux de maintenir ou d'augmenter la pression sur la Russie» pour un cessez-le-feu, a ajouté l'Elysée.
La présidence française a précisé que les participants auront une conversation téléphonique avec Donald Trump à l'issue de leur réunion. Donald Trump a haussé le ton mercredi en promettant qu'il «se passerait quelque chose» si le président russe ne répondait pas à ses attentes sur l'Ukraine.
Il s'est également dit prêt à augmenter le nombre de militaires américains déployés en Pologne, à l'occasion de la visite à la Maison Blanche du nouveau président nationaliste Karol Nawrocki. Plusieurs pays ont d'ores et déjà conditionné leur participation à l'implication de Washington dans le dispositif post-conflit.
Scpeticisme allemand
La question du déploiement de troupes alliées en Ukraine, sérieusement envisagée par Paris et Londres notamment, reste très sensible pour de nombreux pays européens qui craignent une confrontation directe, voire une escalade incontrôlée avec la Russie, puissance nucléaire. Friedrich Merz a répété mercredi avoir des «réserves considérables» sur le déploiement de troupes en Ukraine.
«La garantie de sécurité la plus importante que nous puissions fournir à l'heure actuelle est un soutien suffisant à l'armée ukrainienne», a-t-il estimé. Vladimir Poutine, qui affiche un retour en force sur la scène internationale avec une présence très remarquée mercredi au côté du président chinois Xi Jinping et du leader nord-coréen Kim Jong Un à Pékin, après le sommet d'Anchorage avec Donald Trump le 15 août, multiple, lui, les déclarations offensives.
Moscou atteindra ses objectifs en Ukraine par la voie militaire si les négociations avec Kiev échouent, a-t-il averti depuis la Chine. Il a assuré que ses troupes demeuraient «à l'offensive» sur l'ensemble du front.