Financement de campagnes électorales, responsables politiques nommés administrateurs des filiales du groupe, contrats attribués sans appels d'offres: ces pratiques, documentées dans au moins cinq pays africains, «constituent vraisemblablement la face émergée d'un système» Bolloré, affirment les plaignants.
Emblématique du groupe Bolloré, sa branche logistique en Afrique employait plus de 20'000 personnes dans plus de 20 pays sur le continent africain et possédait notamment un réseau de 16 concessions portuaires, des entrepôts et des hubs routiers et ferroviaires.
De façon inédite, une dizaine d'associations basées au Togo, en Guinée, au Ghana, en Côte d'Ivoire et au Cameroun, rassemblées au sein du collectif «Restitution pour l'Afrique (RAF)» et soutenues par un consortium international d'avocats, dénoncent la manière dont le groupe Bolloré y a obtenu puis géré des concessions portuaires majeures ces vingt dernières années.
Aider frauduleusement des campagnes présidentielles?
Le recel présumé concerne les activités du groupe au Cameroun, Ghana et Côte d'Ivoire, selon la plainte consultée par l'AFP. S'ajoutent le Togo et la Guinée pour le chef présumé de blanchiment.
Dans le cas des ports de Lomé (Togo) et Conakry (Guinée), la justice française, déjà saisie depuis 2013, soupçonnait le groupe Bolloré d'avoir utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Euro RSCG (devenue Havas) pour aider frauduleusement les campagnes présidentielles 2010 de Faure Gnassingbé et Alpha Condé, au bénéfice d'une filiale phare de l'époque, Bolloré Africa Logistics.
Le groupe a négocié un accord en vertu duquel il s'est acquitté d'une amende de 12 millions d'euros contre l'abandon des poursuites. En revanche, le parquet financier a requis en 2024 un procès pour corruption et complicité d'abus de confiance contre Vincent Bolloré. «Le groupe a déjà reconnu qu'il y avait une partie de ces activités qui avaient eu lieu. Est-ce que c'est l'arbre qui cache la forêt?», interroge l'avocat parisien Antoine Vey.